Hassan Karib, gardien du restaurant Casa Espana, fait partie des victimes des attentats du 16 mai. ALM a rendu visite à sa famille pour s'enquérir de l'ampleur du drame qui l'a frappé. Personne ne sait ce que son destin lui cache. Le vendredi 16 mai, Hassan Karib, 44 ans, prend son déjeuner avec sa famille au 306 N° 1 Diar Essaâda, deuxième tranche, dans le quartier Sidi Moumen à Casablanca. Après une petite sieste, comme à l'accoutumée, raconte sa femme Zahira Hasnou, il se dirige, vers 14 heures, à son travail, comme gardien au restaurant Casa de Espagna. D'habitude, il rentre le soir à 23 heures 30 minutes et en cas de retard, il appelle au téléphone. Ses enfants, précise son épouse, l'attendent jusqu'à son retour. Ce vendredi, c'est le suspense. Hassan n'est pas rentré à l'heure et n'a pas appelé au téléphone. «J'étais un peu malade pendant la soirée et je n'ai même pas pu allumer la télévision. Mais lorsqu'il n'est pas rentré, j'ai pensé qu'il s'agissait d'une panne de la moto pendant le retour qui l'a empêché d'appeler. J'ai dit à mes enfants d'aller dormir, leur père va rentrer tard», se rappelle Zahra, les larmes inondant ses joues. Cependant vers minuit, cette attente, marquée d'espoir, va être perturbée par une communication téléphonique. La nièce de son époux, qui a suivi les attentats ayant frappé cinq sites à Casablanca ce vendredi noir sur les chaînes de télévision, appelle la famille. «Est-ce que mon oncle est rentré», a-t-elle demandé précipitamment? «Pas encore», répond Zahira et l'autre coupe la communication. L'épouse reste embarrassée. Pourquoi le retard d'un côté et l'appel téléphonique de l'autre. Hassan n'arrive toujours pas. Soudain son frère débarqua à la maison. Il l'informe des actes terroristes ayant secoué cinq sites dans la capitale économique dont le restaurant où travaille son époux. «Nous nous sommes déplacés immédiatement au restaurant, vers minuit. Dans une atmosphère marquée par la panique, les klaxons des ambulances, les fourgonnettes de la police et les cris des passagers. J'ai demandé à un policier de me donner des nouvelles sur mon mari au moment où mon frère s'est dirigé vers d'autres éléments de la protection civile. Il m'a dit qu'il ne faut pas s'inquiéter, Hassan est blessé. Il est hospitalisé. Mon frère revient et me ramène immédiatement à la maison. Tout au long du trajet, les larmes abondaient de ses yeux. Et lorsque nous sommes arrivés à la demeure, il m'a dit la réalité choquante et blessante, en me conseillant d'être à sa place et de veiller sur les enfants comme un homme», raconte-elle difficilement. Une nuit catastrophique chez cette petite famille, la mère et ses quatre enfants, Hafsa, six ans, Oussama, trois ans, et les deux jumelles, Hanaâ et Hajar, une année. «Une plus longue nuit blanche qui restera gravée dans ma mémoire», dit Zahra, les lèvres tremblantes. Le matin, la famille se dirige à la morgue et récupère le cadavre du défunt. Pendant l'après-midi du samedi, la famille et les voisins organisent les funérailles du défunt. Depuis ce jour noir, les visiteurs ne cessent pas de venir présenter les condoléances à la veuve et aux orphelins. Le nom de famille de Hassan est devenu célèbre dans tous le quartier. À l'entrée de l'immeuble, une grande banderole dénonçant les actes terroristes ayant provoqué des morts et des blessés, remerciant sa majesté le Roi pour son soutien aux victimes de ce carnage que le Maroc n'a jamais connu. Il faut dire que sans le soutien, la tâche de Zahira sera très difficile. La maison est à crédit et les enfants sont encore petits. En plus, dit-elle, «rien ne peut remplacer la présence du père de ses enfants».