Younès Moujahid, secrétaire général du syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et membre de la Commission administrative de l'USFP commente la déclaration de Mohamed Fizazi. Entretien. ALM : Quelle lecture faites-vous des propos de Mohamed Fizazi ? Younès Moujahid : Les déclarations de Mohamed Fizazi incitent directement au meurtre et au bombardement de la deuxième chaîne de télévision et du siège du Parlement ainsi que des lieux publics. Il s'agit de messages codés. Est-ce que cela a un rapport avec la liberté d'expression ? Ma première réaction est que si, sur le plan pratique, toute personne peut effectuer un entretien avec n'importe qui pour lui donner l'occasion et la chance d'exprimer son point de vue, ce qui relève de l'exercice des droits élémentaires, il n'en demeure pas moins important de signaler que dans le registre des libertés d'expression et de la presse, le droit de critique est garanti et doit être assuré. Je ne comprends toujours pas comment un certain Fizazi puisse avancer des tels propos, qui peuvent être interprétés comme une incitation au terrorisme et une manière de le justifier. Je ne comprends pas, non plus, comment il arrive à se prononcer de la sorte, tout en demandant aux autres de ne pas le critiquer. Il est certain et clair maintenant que ce genre d'idées mène droit à l'extrémisme et que le terrorisme est l'aboutissement final de cette idéologie. Est-ce que l'idéologie peut expliquer l'extrémisme et le terrorisme ? Il est certain qu'il y a toujours des gens, qui saisissent les messages véhiculés par les idées de l'extrémisme, et qui n'attendent que le moment propice pour passer à l'action et recourir à des actes criminels. Les attentats de Casablanca s'inscrivent dans cet ordre de perspectives. Ils n'ont pas de causes économiques et sociales, puisqu'ils tirent leurs raisons d'être d'un terreau idéologique.