Rien ne saurait, rien ne pourrait justifier les actes ignobles commis à Casablanca. Cela ne saurait nous dispenser de rechercher les explications : malgré le cheminement du désespoir et de son corollaire l'endoctrinement qui conduit un jeune de 20 ans à devenir kamikaze nous resterons hermétiques. Rien ne saurait, rien ne pourrait justifier les actes ignobles commis à Casablanca. Cela ne saurait nous dispenser de rechercher les explications : malgré le cheminement du désespoir et de son corollaire l'endoctrinement qui conduit un jeune de 20 ans à devenir kamikaze nous resterons hermétiques. Car il faut un insondable degré de désespoir pour être sensible aux sirènes de l'embrigadement qui vous font croire qu'en vous suicidant et en ôtant, par là–même, la vie à des dizaines d'innocents vous irez tout droit au paradis. Tout cela au nom d'Allah ! Or ce désespoir, pour les habitués de cette chronique, j'ai tenté depuis un an de le cerner, de le décrire, de le rendre palpable. Combien de fois avons-nous ici partagé le mal-être de la jeunesse de Hay Mohammadi, de Sidi Moumen, de Aïn Sebaâ… J'aurais tellement voulu avoir tort. Malheureusement le pire est arrivé et quelque part nous en sommes tous responsables ! Responsables d'avoir laissé ces jeunes face au vide, face au point de non-retour. Alors bien sûr certains sont plus responsables que d'autres: ceux qui ont la charge d'encadrer, de guider, d'œuvrer pour ces jeunes et l'ont peu ou mal fait- Ceux qui à longheur de colonnes dans leurs journaux n'ont cessé de détruire, de diffamer, de dénigrer tous ceux qui agissent, qui tentent, qui bougent… L'heure n'est pas au règlement de comptes, mais à la mobilisation: et je voudrais ici saluer très sincèrement l'action de ces jeunes des quartiers populaires qui se sont investis avec courage dans le mouvement associatif de proximité : ceux de «Mostaqbal», «Derb Soltane», ceux de «Initiative Urbaine» à Hay Mohammadi, ceux de «Alliance» à Sidi Bernoussi, ceux de «Chabab» Ben Abid, ceux de «Carrefour Jeunesse» à Aïn Sebaâ, ceux de «Amal Salé» à Hay Salam… Depuis un an ces jeunes sont dans la proximité, sur le terrain, dans la quotidienneté, au sein de ce Réseau Maillage qui n'appartient qu'à eux. Car si pendant des mois je me suis tu face à ceux qui prétendaient que nous croulions sous les subventions : je voudrais le dire haut et fort, nous agissons avec nos propres moyens, notre bonne volonté, notre «rage de vaincre»; nous agissons avec l'aide de bienfaiteurs qui ont cru en notre action, le soutien de gouverneurs et de quelques élus, qui ont senti que nous étions dans le «vrai». Stop à la langue de bois, place à la mobilisation. Stop à l'intolérance, à la haine, au rejet, au repli stérile, stop à la terreur intellectuelle et Kamikaze ! C'est ce que diront ces milliers de marcheurs qui manifesteront dimanche et, parmis eux, tous ces jeunes des quartiers populaires qui, derrière la banderole «Pas de quartiers pour la haine» porteront le T.shirt, le badge, l'auto-collant «Matqisch Bladi»- «Matqisch Bladi» est le slogan né de l'idée, de la générosité, du sursaut, de jeunes chefs d'entreprise, de jeunes militants associatifs des quartiers, de communicants, de promoteurs du tourisme qui se sont alliés pour porter et réaliser ce projet. «Matqisch Bladi !», tout est dit tout reste à faire.