Fortement secoués par l'attentat barbare qui a ciblé leur établissement, les employés de l'hôtel Farah reprennent petit à petit le rythme du quotidien. Un retour à la normale qui se passe tant bien que mal. Entretien avec le directeur de ventes et marketing de cet hôtel, Khalid Boukhari. Aujourd'hui Le Maroc : Comment avez-vous vécu l'explosion dont l'hôtel Farah a été la cible? Khalid Boukhari : J'ai quitté ce jour-là l'hôtel vers 21h30. Une demi-heure après, j'ai reçu une communication d'un ami m'informant de cet attentat criminel. J'étais sur place quelques minutes plus tard et j'ai immédiatement été frappé par l'ampleur de ce désastre. Avant même d'atteindre la porte d'entrée de l'établissement, j'ai aperçu l'un de mes assistants allongé par terre. Il se trouve d'ailleurs toujours en état de choc à l'hôpital. Je tiens à ce sujet à préciser que deux des employés de l'hôtel ont été tués dans cet attentat alors que deux autres ont été blessés. Même sous le choc, chacun de nous se devait de garder un minimum de sang-froid. Il fallait donc réunir tous les employés et les résidents de l'hôtel dans la partie arrière de l'établissement, laissant les autorités présentes sur place faire leur travail. Un sentiment d'incompréhension et de sidération était partagé de tous. Comment s'est passée la reprise? Normalement. C'est notre manière à nous d'exprimer notre refus à la violence et au terrorisme. L'hôtel reçoit toujours des clients et les réservations ont été maintenues. D'ailleurs, un groupe d'une vingtaine de ressortissants allemands qui séjournaient chez nous pour une longue période n'ont pas quitté l'hôtel. Ils nous ont présenté leurs condoléances et ont même proposé une donation aux familles des deux victimes qui se sont sacrifiées pour préserver la vie des autres, feus Karib et Atef en l'occurrence. Qu'envisagez-vous de faire pour ces familles-là ? Une donation qui va leur être faite par le président du groupe lui-même est prévue. Ce sera probablement la semaine prochaine en marge du conseil d'administration du groupe qui aura lieu ici même à Casablanca. Je tiens également à préciser que tous les employés de l'hôtel sont assurés à 100 %. Qu'en est-il des dégâts matériels? Il y a eu fort heureusement peu de dégât matériels. Il n'y a que le sas d'entrée de l'établissement qui a été touché par cet attentat criminel. Ces dégâts sont environ de l'ordre de 50.000 dirhams. Quelles sont à votre avis les raisons qui ont poussé ces terroristes à cibler votre hôtel ? Nous ne cessons de nous poser cette question depuis vendredi soir. Mais il s'avère que le choix s'est porté sur notre hôtel sans raison apparente. Ils ont choisi notre établissement parce qu'ils devaient cibler un hôtel. Ce pourrait être n'importe quel établissement hôtelier de Casablanca. Il faut préciser à ce sujet que l'hôtel Farah n'abritait aucune réunion spéciale. Je suis le directeur des ventes et marketing chargé notamment de la gestion des réunions et je peux vous assurer qu'il n'y en avait pas. En outre, il n'y avait aucun Israélien ou Américain à l'hôtel au moment de l'attentat. Nous sommes un établissement, géré à 100 % par des Marocains, ouvert sur toutes les nationalités. Notre objectif principal est d'œuvrer pour la promotion du tourisme au Maroc. Quelles sont les séquelles psychologiques de cet acte criminel sur le personnel de l'hôtel ? Tout le monde est encore sous le choc. Néanmoins, le personnel essaie de combattre ce mal par sa bonne foi. La direction de l'hôtel a également mis à la disposition du personnel un médecin, assumant les frais de toute consultation psychique. Nous essayons de surmonter cette crise en nous assistant mutuellement par la communication et la discussion.