Abdellatif Beggar, ancien joueur du Raja de Casablanca dans les années 70 et 80, est mort dans l'un des attentats criminels qu'a connus Casablanca vendredi soir. Portrait d'un joueur pour qui le foot passait avant tout. Abdellatif Beggar n'est plus. Ce grand joueur rajaoui a péri dans l'attentat criminel qui a ciblé le restaurant la «Casa de Espana» vendredi soir à Casablanca. Il s'était rendu à ce club avec plusieurs de ses amis venus le chercher à son domicile plutôt dans la soirée. Ils ont dû beaucoup insister pour le voir accepter leur invitation. Feu Beggar ne voulait pas sortir de chez-lui ce vendredi soir. Son frère Mohamed, résidant en France et actuellement en vacances au Maroc, lui avait demandé de dîner dehors chose qu'il a refusée. Sixième sens dites-vous ? Feu Abdellatif s'est donc rendu à la «Casa de Espana» pour voir d'anciens amis. Toutes les occasions sont bonnes pour parler du bon vieux temps. Mais il faut dire également que la compagnie de feu Beggar était très prisée. Son humour et sa bonne humeur étaient légendaires. Il n'a jamais manqué de blagues pour égayer une assemblée. Pas celles que tous les sportifs connaissent, mais celles rassemblant amis et famille, autour d'un bon verre de thé ou d'un excellent tajine. Il lui suffisait d'ouvrir la bouche pour faire pleurer ses amis et les membres de sa famille …. de rire. Ceux-là, en plus de la grande famille rajaouie, ont pleuré ce samedi mais de chagrin, lors de la reconnaissance de corps à la morgue du CHU Ibn Rochd. Ils étaient nombreux à ne pas cacher leur affliction, leur indignation face à un acte aussi barbare. Haddaoui et Dolmy pleuraient à chaudes larmes la perte d'un ami, d'un membre de la grande famille du Raja. La perte d'un aussi bon élément, un pur produit du Raja de Casablanca, est grande. Ses anciens co-équipiers, ses fans, ses «disciples» au Raja puisqu'il entraînait les jeunes Aiglons verts, le regrettent. Former de nouvelles générations de footballeurs était sa raison d'être. Feu Beggar se désintéressait complètement des considérations matérielles. Il était né pauvre et est décédé pauvre, laissant un petit garçon et une petite fille avec leur maman sans aucune stabilité matérielle, dans la précarité totale. Tout au long de sa carrière footbalistique, les supporters du Raja l'appréciaient tellement qu'ils lui ont spécialement réservé un chant. Un hymne pour lui rendre hommage à chaque rencontre. «Beggar le Rajaoui» avaient-ils l'habitude de scander. Ce fameux n° 6 des Verts et Blancs était aimé de tous ; impulsif, franc, mais tellement généreux et d'une grande bonté. Ses petits-ponts ont constitué le calvaire de plus d'un joueur en championnat national et en compétitions internationales auxquelles il a pris part en compagnie de l'équipe nationale. La pelouse du Père Jégo était son terrain de prédilection. Il s'y sentait à l'aise, tel un poisson dans l'eau. Il adorait le Raja. Une grande histoire d'amour unissait le joueur à ce club, le sien. Les plus grandes joies de feu Beggar étaient en Coupe du Trône. En 1977 et 1982, ce meneur de jeu avait offert à son équipe le titre en inscrivant les buts victorieux respectivement contre le Difâa d'El Jadida et la Renaissance de Kénitra. Le rajaoui avait également brillé de mille feux avec le club saoudien d'Al Wahda et le Wydad de Casablanca. Les Moukhliss, Fathi, Aït Rami, Dolmy, M'jid et consorts pleurent aujourd'hui leur ami, leur compagnon des jours difficiles et des heures de gloire, comme ils ont pleuré il y a quelques semaines une autre grande figure du Raja, feu Abderrazak Deghaye, décédé des suites d'une maladie à Casablanca. En compagnie de plusieurs des adhérents du club casablancais, ils ont demandé au bureau dirigeant de consacrer les recettes de la rencontre devant opposer le Raja à l'Ajax Amsterdam début juin aux familles de ces deux joueurs. La reconnaissance de tout un public à des joueurs qui ont fait les beaux jours du football national. Adieu Beggar!