Tenant du titre, le Réal Madrid, malgré son incontestable potentiel technique, a vu son rêve de devenir encore Champion d'Europe s'effondrer tel un château de cartes. La veille, l'Inter de Milan avait vécu le même cauchemar. La Juventus et l'AC Milan, leurs bourreaux respectifs, se retrouvent pour une finale à l'Italienne. Aléa Jacta Est ! Jules César a de quoi être fier de ses rejetons, la finale de la Ligue des Champions sera 100% italienne. La Juventus a offert aux amateurs de football un match de toute beauté, laissant un Réal Madrid désabusé, en dépit des grosses pointures qui constituent ses rangs. Les spectateurs, en partie fans de la Juve, qui s'étaient déplacés en masse au stade des Alpes, en ont eu pour leur argent. C'est à une Juventus déchaînée que l'on a pu assister, décidée plus que jamais à décrocher son ticket pour la finale. Une finale de la Ligue des Champions dont le club turinois est absent depuis 1998. Nettement plus magistrale que son adversaire, la Juve a fait preuve de plus de convoitise et de maîtrise que le Réal, désormais déchu. Dès l'entame du match, les turinois allaient annoncer la couleur et faire montre de leur détermination de déposer le champion en titre. Trezeguet a ouvert le score à la 12e minute d'une volée, servi par Del Piero sur un centre de Nedved, lui même servi par le Français. Avec ce score, (1-0), la Juventus était qualifiée, à condition de garder le statu quo. Avec Ronaldo sur la bande de touche, le Réal éprouvait de sérieuses difficultés notamment en milieu de terrain qui semblait être occupé par une trentaine, si ce n'est plus, de maillots rayés noir et blanc. Tellement les Turinois étaient omniprésents sur le terrain. À l'inverse des Espagnols, les Italiens semblaient être en transe. À la 43e minute, Del Piero allait signer un but de toute beauté. Sur une longue balle perdue en milieu de terrain par le Réal, le capitaine turinois s'est infiltré du côté gauche de la surface de réparation, a effecté un crochet gracieux et, tout en souplesse, a envoyé le ballon entre les deux défenseurs qui lui faisaient face, a trompé la vigilance du gardien et a marqué un but d'une rare délicatesse. Tandis que le stade exultait, les Madrilènes avaient l'air de déprimer. Dès son entrée en seconde période, Ronaldo allait décrocher un penalty salvateur, mais que Figo a raté au grand désespoir de ses coéquipiers. À peine 6 minutes s'étaient écoulées que Nedved, brillant lors de ce match, lancé par l'excellent Zambrotta, parachevait en force la superbe victoire de la Juve. Le but anecdotique de Zidane à la 89e minute a été, somme toute, anodin. La veille, lors du 255e derby opposant les frères ennemis, un but de l'attaquant ukrainien, Andriy Shevchenko, a garanti la qualification de l'AC Milan pour la finale aux dépens de l'Inter. Neuf ans après son dernier sacre, l'équipe dirigée par le Premier ministre italien Silvio Berlusconi se voit promue à un sixième titre de son histoire. Les deux équipes s'étaient séparées sur un nul blanc lors du match-aller. Ce nouveau nul (1-1) concède donc la qualification au Milan AC qui, quoique la rencontre était à domicile dans le concret, jouait officiellement à l'extérieur, San Siro étant le stade commun aux deux clubs milanais.