Le cinéma marocain a été l'invité d'honneur du Festival international du film contre l'exclusion et pour la tolérance (FIFET). C'est une nouvelle consécration pour le cinéma national. Nouvelle consécration pour le cinéma marocain. Cette fois, dans un cadre très spécifique, celui du rôle de l'art et de la culture dans la promotion de la culture de la tolérance et de la liberté d'expression. Le Festival international du film contre l'exclusion et pour la tolérance (FIFET), dont la sixième édition vient de se tenir à Paris du 17 au 24 mars, a, en effet, accueilli le cinéma marocain dans une programmation spéciale. Le Maroc étant en quelque sorte l'invité d'honneur de cette manifestation soutenue par des partenaires officiels comme le ministère de l'Education nationale français, la Région de Seine Saint Denis, parrainée par de grandes personnalités publiques, des célébrités du monde de la culture et des arts comme J. Lang, Costa Gavras, Moufida Tlatli… ou encore comme l'actuel ministre malien de la Culture, Cheikh Oumar Sissoko… Le FIFET est abrité par l'Unesco. C'est d'ailleurs au sein de la grande salle de cette maison de la culture universelle qu'a été projeté, dans le cadre de la cérémonie d'ouverture du festival, le film marocain “La Chambre noire” de Hassan Benjelloun. Une première qui vient confirmer la bonne performance aussi bien des images produites par le Maroc que du Maroc comme image. L'image du Maroc en est sortie grandie dans le sens politique du mot. «C'est une soirée magnifique», nous confie un cinéaste africain installé à Paris, «Bravo pour le Maroc» n'ont cessé de répéter des jeunes qui ont entouré Hassan Benjelloun. Le public était nombreux ; près d'un millier de personnes ont en effet assisté à cette projection, une avant-première parisienne pour le film. La présidente du FIFET a tenu à souligner dans une allocution inaugurale que ce « coup de projecteur braqué cette année sur le cinéma marocain vient illustrer le fait que ce cinéma est emblématique d'une ouverture nouvelle et indiquer des transformations à l'œuvre ». Pour sa part M. Pierre Sané, sous-directeur général de l'Unesco pour les sciences sociales et humaines, a rappelé de prime abord les raisons et les principes qui ont amené l'Unesco à soutenir et à abriter le FIFET : «Le FIFET revient à l'Unesco pour rejoindre la communauté internationale dans sa lutte contre toutes les formes d'intolérance et de discrimination. Organisée dans le cadre de la Semaine contre le racisme, et plus particulièrement autour de la date du 21 mars, qui marque la célébration de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, cette manifestation reste originale et innovante », a-t-il souligné. Abordant la présence du cinéma marocain, M. Pierre Sané a fait preuve d'une grande connaissance de ce qui se passe chez nous; il a rappelé ainsi comment ce cinéma est aujourd'hui en pleine harmonie avec ce que vit la société marocaine comme expérience de réappropriation de la mémoire collective dans un esprit de consensus et de tolérance. Il a rappelé les qualités de ces films dont la principale est d'être en symbiose avec les attentes de leur public. Le public parisien n'a pas manqué, pour sa part, de montrer son adhésion et sa sympathie en réservant un accueil des plus chaleureux au cinéaste à l'issue de la projection. C'est une véritable ovation qui lui a été réservée lorsqu'il a été appelé sur scène par Madame Claudine Drame, présidente du FIFET. Tard dans la soirée et après la magnifique prestation du groupe musical Gnawa spirit, les discussions ont continué dans des petits groupes, mettant en valeur notamment les principales caractéristiques de ce cinéma, rencontrant de plus en plus reconnaissance et estime à travers le monde. On a mis l'accent également sur la nouvelle ambiance de liberté et de tolérance qui caractérise le système politique marocain et qui offre un environnement propice à la diversité des approches et des démarches. La programmation du FIFET va dans ce sens puisque, outre le film de Benjelloun, le public du festival a eu à apprécier “A Casablanca les anges ne volent pas” de Mohamed Asli ; “Ten Ja” de Hassan Lagzouli et “Ali Zaoua” de Nabil Ayouch. • Bachir Hajjaj Correspondance particulière