Aziz Daouda, DTN d'athlétisme, table sur la sensibilisation de chaque athlète pour la promotion de cette discipline. L'objectif est de faire de l'athlétisme un levier de développement socio-économique. Aujourd'hui Le Maroc : Comment qualifieriez-vous la participation marocaine aux mondiaux de Cross de Lausanne ? Aziz Daouda : Du point de vue des statistiques, l'édition de Lausanne est la deuxième meilleure participation marocaine aux mondiaux de cross après celle de Marrakech en 1998. L'équipe nationale a glané quatre médailles de bronze en six compétitions. Mais sans aucune médaille en individuel. Vous savez, en cross, les médailles par équipe sont plus recherchées qu'en individuel. Une équipe est composée de six athlètes, ce qui permet aux jeunes et aux éléments peu connus de monter sur le podium et de gagner en confiance. Une chose nous a fait défaut en individuel : la spécialisation. Le Maroc compte une trentaine d'athlètes mondiaux alors que le Kenya et l'Ethiopie en ont quelques 300 chacun, ce qui leur permet de se spécialiser. Comment l'équipe nationale prépare-t-elle les Championnats du monde de paris ? Paris est un rendez-vous comme un autre. Depuis quelques années déjà, l'équipe nationale se prépare onze mois par an à l'Institut national d'athlétisme. Pour ce qui est des Mondiaux en plein air, la Fédération internationale a mis en place des critères spécifiques. Nous avons droit à trois athlètes par discipline. Il ne reste plus aux éléments de l'équipe nationale que de décrocher leur minima pour assurer une place à Paris. La direction technique se réunira ce mercredi afin de prendre certaines décisions concernant l'affectation des cadres de la fédération et des athlètes. Sur quoi repose votre système de travail? Sur l'homme et la qualité du travail. Vous savez, le sport de haut niveau est discriminatoire. Il ne peut y avoir qu'un seul champion du monde par discipline. Les prises de décisions en ce qui concerne les choix des athlètes sont quasi quotidiennes. Là résident les spécificités de l'athlétisme. En ayant 110 athlètes, vous avez 110 cas que vous devez gérer en fonction des aptitudes de chacun. Mon programme prend en compte également les carrières individuelles de chaque athlète. Le Maroc est la 5ème puissance mondiale en athlétisme, et ce n'est pas rien. Les performances de nos athlètes restent quand même concentrées sur le fond et le demi-fond, qu'en est-il des autres épreuves ? Chaque population a des spécificités génétiques qui lui imposent un mode de comportement. Les Méditerranéens sont endurants donc meilleurs coureurs. Les nordiques sont grands de taille et de meilleurs lanceurs alors que les Asiatiques sont plutôt agiles. L'épreuve la plus complexe techniquement est le 400m haies et l'une des meilleures spécialistes de cette épreuve au monde est la marocaine, Nezha Bidouane, championne du monde. En saut en longueur, Younes Moudrik est parmi les meilleurs sauteurs au monde. De plus en plus d'athlètes s'installent ailleurs, pourquoi à votre avis? C'est l'une des facettes de la mondialisation. Les pays riches profitent, non seulement des ressources naturelles, mais aussi du capital humain des pays pauvres. C'est un phénomène qui touche tous les domaines et pas uniquement le sport. Il ne faut pas se voiler la face. Nous ne disposons pas de moyens pour retenir ces cadres sportifs. Au Maroc, l'athlétisme ne fait pas vivre son homme. La solution réside à mon avis dans une économie plus performante qui puisse sponsoriser plusieurs disciplines. Après l'affaire Boulami, une question revient sans cesse : nos athlètes se dopent-ils ? En 25 ans, 12 athlètes uniquement ont été contrôlés positifs à des substances dopantes dont deux sont accidentels. Six athlètes dépendent de la fédération marocaine. Les autres, des Marocains, sont affiliés à d'autres fédérations. Se doper n'est pas facile. Il faut les moyens technologiques et financiers pour le faire. Il y a toujours eu des cas de dopages et il y en aura toujours puisqu'il est difficile de résister à la tentation. Une vingtaine de nos athlètes, qui comptent parmi les premiers à l'échelle mondiale, sont régulièrement contrôlés par l'IAAf. A Lausanne par exemple, sept crossmen ont subi des tests. Pour ce qui est aux autres, nous essayons d'attirer l'attention des athlètes sur le danger de ces substances.