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Eau : Les sources se tarissent
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 23 - 03 - 2005

La Journée mondiale de l'eau est l'occasion pour le secrétariat d'Etat chargé de l'Eau de dresser un constat exhaustif. Les ressources hydriques du Maroc restent limitées. Le taux des ressources en eau naturelle est considéré comme un seuil critique. Alarmant.
Adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 22 décembre 1992 sur proposition du Maroc lors du Sommet de la terre de Rio, la Journée mondiale de l'eau, le 22 mars, est l'occasion pour la communauté internationale de sensibiliser les populations sur l'importance capitale de l'eau, ainsi que sur la nécessité d'une gestion rationnelle de cette ressource vitale. Cette année, le thème retenu est "L'eau, source de vie".
Si les Nations unies ont choisi cette année le thème interpellateur "L'eau, source de vie ", c'est pour attirer l'attention sur la nécessité de préserver cette ressource vitale, en sensibilisant les populations à une utilisation rationnelle de l'eau, sachant qu'il s'agit bien d'une denrée rare, nécessaire à la vie et menacée d'épuisement.
Cette occasion est aussi l'occasion pour le Maroc de dresser le bilan de la politique de gestion de l'eau et de mener une réflexion sur la problématique de sa raréfaction, surtout que le Royaume se caractérise par un climat semi-aride avec une grande disparité en matière de pluviométrie entre les différentes régions.
En créant le Conseil supérieur de l'eau et du climat (CSEC), présidé par SM le Roi, le Maroc a pris en main la gestion de ses ressources. Le Conseil est chargé de formuler les orientations générales de la politique nationale de l'eau.
L'effort a également concerné la mise en oeuvre d'une planification de l'aménagement et de la répartition des ressources en eau, notamment en période de sécheresse.
Selon des données du secrétariat d'Etat chargé de l'Eau, le Maroc est doté actuellement d'une infrastructure hydraulique importante avec un total de 110 grands barrages d'une capacité de stockage de près de 16 milliards m3. Ces barrages ont permis de gérer les déficits pluviométriques, d'assurer l'accès à l'eau potable à 14 millions d'habitants en 2004, d'atteindre l'objectif d'un million d'hectares irrigués en 1997 et de faciliter la production d'énergie hydraulique.
«Une attention particulière a été accordée à l'approvisionnement du monde rural en eau potable, notamment après le lancement en 1995 du programme d'approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER) qui a pour objectif d'alimenter 31.000 localités rurales d'une population de 11 millions d'habitants », tient à préciser Imad El Honsali dans son analyse reliée par l'agence MAP.
Selon la même source, ce programme, dont l'application a été basée sur une approche participative (collectivités locales, populations et administration), a connu un grand succès puisque près de 60% de la population rurale accède actuellement à une eau potable de bonne qualité. Sur le plan législatif, le Maroc a adopté en 1995 la loi 10-95 sur l'eau dont les dispositions visent la rationalisation de l'utilisation de cette ressource, la généralisation de l'accès, la solidarité inter-régionale et la réduction des disparités entre le milieu urbain et celui rural.
«Cette loi a permis notamment la création des Agences du bassin, qui sont des établissements publics chargés de l'évaluation, de la planification, de la gestion et de la protection des ressources en eau. Elles ont également pour mission de délivrer les autorisations et concessions relatives au domaine public hydraulique au niveau de leur zone d'action», est-il précisé.
Malgré toute cette armature, les ressources hydriques du Maroc restent limitées et le taux des ressources en eau naturelle par habitant avoisine les 1000 m3/habitant/an. Ce taux est considéré comme un seuil critique signifiant que le Maroc peut connaître une pénurie d'eau.
Cette situation est accentuée par la répartition inégale de l'eau dans le temps, c'est-à-dire un régime de précipitations dominé par une forte irrégularité annuelle et saisonnière. En effet, les précipitations totales qui sont estimées en moyenne à 140 milliards de m3, peuvent varier
selon les années et sont généralement concentrées dans les mois pluvieux de fin d'automne et d'hiver (novembre, décembre, janvier et février) et ne tombent que pendant un nombre de jours limités estimé à près de 30 jours au Sud et de 70 jours au Nord du pays.
Les ressources en eau subissent aussi l'impact sévère des changements climatiques liés au réchauffement de la planète, ce qui aggrave les risques de sécheresse et d'inondations. La problématique des ressources en eau est liée également à la croissance des besoins en cette denrée vitale qui s'explique par le développement économique et social engendrant une forte demande, ce qui a causé des situations de déficit en eau dans certains bassins.
«L'eau est menacée, notamment, par la pollution générée par les rejets industriels et urbains et qui prend des dimensions de plus en plus alarmantes, provoquant une dégradation chronique de la qualité de cette ressource qui est également sous-valorisée, puisque souvent gaspillée», ajoute l'auteur.
Toutes ces pressions, que subit cette ressource vitale, nécessitent de développer d'autres moyens pour faire face à un déficit hydrique probable, notamment l'utilisation des eaux douces marines et le recours à de nouvelles techniques d'irrigation qui favorisent l'économie de l'eau (goutte à goutte), les techniques actuelles faisant perdre au Maroc plus d'un milliard de m3 par an, selon le secrétariat d'Etat chargé de l'Eau.


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