Le nombre de demandes de mariage d'enfants est passé de 30.312 en 2006 à 3.2104 demandes en 2018. Le plus alarmant est que 85% de ces demandes sont accordées par des juges. La ville ocre a abrité du 20 au 23 novembre la 16ème édition du Congrès national des droits de l'enfant. Cet évènement qui a réuni plus de 3.000 participants se veut un plaidoyer en faveur des droits de l'enfant. Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, qui est intervenu vendredi lors de ce congrès a dressé un état des lieux des droits de l'enfant au Maroc en présentant les avancées réalisées jusqu'à présent ainsi que les faiblesses persistantes. Selon le président du CESE, le Maroc a réalisé des avancées de taille en l'espace de 30 ans à travers la consécration des droits de l'enfant dans la Constitution (art 32); le recul de la mortalité infanto-juvénile (enfants de moins de 5 ans) qui est passé de 76 pour 1.000 naissances vivantes au début des années 90 à 22,16 pour 1.000 naissances vivantes en 2018. M. Chami a aussi insisté sur les efforts qui ont été menés dans la scolarisation des enfants avec un taux qui est aujourd'hui de 99,5% dans le primaire. A ceci s'ajoute l'adoption de politiques publiques spécifiques à l'enfance, notamment le Plan d'action national pour l'enfant et le Programme national exécutif de la politique publique intégrée de protection de l'enfance. En dépit de ces réalisations, il reste encore beaucoup à faire. Le président du CESE estime qu'encore beaucoup trop d'enfants sont victimes d'exclusion sociale. Chaque année, près de 260.000 enfants quittent les bancs de l'école. «Beaucoup d'enfants sont encore particulièrement exposés à des formes extrêmes de violence», a déploré M. Chami précisant qu'il s'agit des enfants exploités dans la mendicité, dans le travail (des milliers de petites filles sont employées de maison), des enfants en situation de rue, des enfants nés hors-mariage, des enfants en situation de rue, sans oublier les enfants migrants et ceux victimes de «cyber harcèlement». M. Chami a aussi pointé du doigt le mariage des mineurs qui est un phénomène persistant et encore largement répandu dans notre société. En effet, le nombre de demandes de mariage d'enfants est passé de 30.312 en 2006 à 3.2104 demandes en 2018. Le plus alarmant est que 85% de ces demandes sont accordées par des juges. Les actions préconisées Pour remédier à cette situation alarmante, le CESE préconise plusieurs actions pour la promotion et la protection des droits de l'enfant. Premièrement, pour lutter efficacement contre l'exclusion sociale des enfants, le Conseil juge primordial de mobiliser les investissements pour soutenir les interventions multisectorielles en faveur du développement de l'enfance. Celles-ci ont trait à la santé, la nutrition, l'apprentissage ainsi que la protection contre toute forme de violence. Il faut aussi rendre obligatoire la scolarisation des enfants en situation de handicap dans le système éducatif, à égalité avec les enfants non handicapés; garantir l'obligation de scolarisation de tous les enfants en particulier les filles et mettre en place une politique de justice adaptée aux mineurs. En second lieu, pour faire face aux pratiques préjudiciables, le CESE insiste sur l'adoption d'une stratégie globale ayant pour objectif d'éradiquer à terme le mariage des enfants. Il faut aussi permettre à tout enfant de pouvoir être inscrit à l'état civil et ce sans distinction entre les enfants nés d'une relation conjugale et ceux nés hors mariages . Dans la lutte contre le travail des filles, le CESE appelle à la mise en place d'un programme d'action intégré en incluant des peines plus lourdes contre l'emploi des enfants dans des travaux dangereux. Concernant la politique intégrée de protection de l'enfance engagée par le gouvernement, le CESE préconise de doter cette politique de ressources financières plus importantes. Il est aussi nécessaire de mettre en place de dispositifs territoriaux intégrés pour la protection de l'enfance, à travers l'intégration de la protection de l'enfant dans les programmes de développement régionaux, provinciaux et les plans d'action des communes ainsi que la mise en place d'un comité régional de protection de l'enfance, en charge de la déclinaison territoriale de la politique intégrée de protection de l'enfance.