Le ministre de l'Administration est venu lui-même nous le dire, «Non, les fonctionnaires fontômes ne sont pas au nombre de 80.000». D'ailleurs, lui-même avoue candidement ne pas savoir combien ils sont, sauf qu'il est convaincu qu'ils existent. Nous savons donc que des gens touchent un salaire sans contrepartie, parfois depuis des décennies. Le ministre de l'Administration est venu lui-même nous le dire, «Non, les fonctionnaires fontômes ne sont pas au nombre de 80.000». D'ailleurs, lui-même avoue candidement ne pas savoir combien ils sont, sauf qu'il est convaincu qu'ils existent. Nous savons donc que des gens touchent un salaire sans contrepartie, parfois depuis des décennies. Le gouvernement Jettou a décidé de s'y attaquer, Youssoufi, lui, avait brandi la même menace, sans y arriver. Pourtant, on ne naît pas fonctionnaire fantôme, on le devient. Dans l'Enseignement, l'astuce ou la démarche est connue. Des agents sont affectés en «surplus» à une école et le restent…à vie. Ailleurs, il suffit d'une simple décision dispensant l'intéressé de signature pour «travaux à l'extérieur», plus de justification de présence signifie souvent absence chronique. Nous sommes en présence d'un phénomène qui concerne énormément de fonctionnaires. Si le chiffre de 80.000 paraît effectivement monstrueux, il ne faut pas s'attendre à un phénomène marginal, surtout si l'on inclut les Collectivités locales et les établissements publics qui ont une tradition sympathique. Les femmes des hauts cadres et de leurs amis sont automatiquement dispensées de signature. Les petits plats bien mijotés sont à ce prix, elles ne peuvent pas suivre «Choumicha» au bureau. La crainte que j'ai, c'est de voir tout ce beau monde se mettre sur les rails du départ volontaire. Imaginez l'indécence, ils partiraient en plus avec un pactole. Remarquez pour la moitié d'entre eux, ils ont déjà leur entreprise, ce qui peut gonfler les statistiques des reconversions réussies. Cependant, l'équité sociale y perdait beaucoup. S'il faut bien évidemment les mettre à la porte, il faut engager des procédures pour récupérer ce qui peut l'être. Surtout auprès de ceux qui ont une activité rémunérée par ailleurs. L'autre crainte ne concerne pas les fantômes mais les meilleurs fonctionnaires. Chaque fois que le départ volontaire a été proposé dans des conditions favorables, ce sont les meilleurs qui se sont précipités. Les bras cassés ont rarement envie de quitter le cocon avant la retraite. Il faut savoir qu'un bras cassé dans la fonction publique, c'est souvent quelqu'un qui a perdu tout esprit d'initiative, voire toute capacité de travail. Ne lui parlez pas de reconversion, il prend deux cachets d'aspirine pour pouvoir terminer la grille des mots croisés de son journal préféré, souvent «L'Opinion». Les bons ont des chances de trouver preneur sur le marché du travail, tout en assurant le quotidien. M. Boussaïd nous rappelle que c'est l'Administration qui, in fine, choisit les partants et qu'il n'y a pas de risques qu'elle soit dépeuplée.Il faut faire très attention à ce genre de phrases péremptoires. Le processus est décentralisé, complexe et d'autres critères interviendront. L'Administration étêtée ou écrémée à l'envers, c'est un risque inhérent au départ volontaire, dès lors que l'initiative est aux individus. Il faudra ensuite gérer ceux à qui on aura refusé ce qu'ils considèrent comme un droit, sans pour autant améliorer leurs perspectives de carrière. On ne peut imaginer une réforme de l'Administration, sans revalorisation des énormes potentialités qu'elle recèle.