«En 2019, a chirurgie du cancer du sein ne doit pas être mutilante». Le constructeur américain Ford est venu, à travers sa représentation au Maroc, soutenir la mission principale de l'association Les amis du Ruban Rose, la vie après le cancer. Cette dernière œuvre essentiellement à sensibiliser autour du cancer du sein et surtout apporter tout l'accompagnement nécessaire aux femmes atteintes de la maladie. Cette action s'inscrit dans le programme spécifique Warriors In Pink dédié aux femmes touchées par le cancer du sein et qui est organisé à l'échelle mondiale par les équipes de Ford. «A travers cette action, nous partageons les valeurs et les principes déployés dans le concept Warriors In Pink by Ford», explique, à juste titre, Hajar Dinar, Global Communications Manager North Africa & Sub Saharan Africa chez Ford Motor Company. Ses paroles touchent le public, un public largement représenté, au sein de la salle du Studio des arts vivants, par des femmes atteintes du cancer du sein. «La seconde chance après la maladie, je l'ai vue dans les yeux de plusieurs personnes de mon entourage. Et les personnes ayant vaincu la maladie sont en effet inspirantes pour les autres. C'est dans cet esprit que nous souhaitons donner du courage à toutes les femmes qui ont pu se battre. Nous voulons aussi, à travers ce genre de programme inciter les hommes à soutenir les femmes dans leurs combats. Et en dehors de la maladie, pousser leur femme, leur mère, leur sœur, leur fille, leur collègue femme, à faire les contrôles nécessaires». Le décor est planté, le moment est solennel et l'émotion présente… A son tour, Latifa Cherif, présidente de l'association Les amis du Ruban Rose, la vie après le cancer, reviendra sur les principales missions de son organisation qui œuvre depuis quelques années à redonner confiance aux femmes atteintes du «crabe» (ndlr : communément appelé chez les femmes de l'association pour éviter le terme exact qui fait peur !). L'accompagnement passant par le ludique, à travers l'organisation de manifestations artistiques, le sport, à travers des rendez-vous hebdomadaires qui permettent une remise en forme de celles qui peuvent s'y associer ou encore par des ateliers de thérapie de groupe mis en place grâce à des thérapeutes certifiés. Les actions sont nombreuses. La cause noble ! Les médecins qui ont été sollicités, chacun dans sa spécialité, ont permis d'apporter un éclairage plus scientifique et lever le doute sur des idées parfois préconçues par les malades, trop prises dans l'engrenage du traitement thérapeutique… Dr Houriya Amrani Mikou, radiologue et sénologue, insistera sur le diagnostic précoce du cancer du sein. Les enjeux sont réels quand on sait qu'une femme sur 8 est atteinte de cancer du sein. Les chiffres au Maroc ne cessent d'augmenter. «L'examen clinique des seins et des aisselles est très important». Dr Amrani recommande, en effet, l'autopalpation régulière des aisselles et des seins qui se fait les bras relevés. «Face au miroir, les femmes doivent avoir ce réflexe très jeunes déjà. Passé le cap des 40 ans, les femmes doivent effectuer une mammographie tous les deux ans». L'experte expliquera, également, les avantages de la tomosynthèse mammaire qui permettent d'atteindre de haut niveau de définition, en termes d'images, bien meilleurs que la simple mammographie, grâce aux mouvements de rotation de la machine. Le médecin insistera sur le diagnostic histologique impératif avant tout acte chirurgical. De son côté Dr Adnane Afifi rappellera, tout d'abord, les avancées en chirurgie du cancer du sein. Reconnu mondialement pour ses gestes chirurgicaux ne laissant presque ou pas de cicatrice visible sur le sein malade et traité, le praticien déplorera le fait que certains chirurgiens ne se rendent pas compte de l'aspect esthétique au grand désarroi de la patiente. «En 2019 nous ne pouvons plus laisser une patiente sans reconstruction mammaire», s'insurgera-t-il. Dans son exposé, le chirurgien abordera, ainsi, la chirurgie onco-plastique et le ganglion sentinelle qui permet d'éviter le curage axillaire systématique effectué auparavant à défaut de précision technologique. La mastectomie prophylactique qui est une procédure chirurgicale visant à prévenir l'apparition du cancer du sein chez certaines femmes ayant un haut risque a également été explicitée. Le phénomène Angélina Jolie le justifiant largement ! Pour sa part, Dr Mamou Naoufal, oncologue, est revenu, non seulement sur la chirurgie mais aussi sur la chimiothérapie, l'hormonothérapie, l'immunologie et les nouvelles molécules qui sont déjà autorisées à la commercialisation mais qui demeurent hors de portée puisque leur coût peut avoisiner les 100.000 DH par mois ! Dans l'interactivité avec la salle, les intervenants ont permis d'éclairer l'audience sur bien des aspects… La question alimentaire en fait partie et Dr Mamou autorisera les femmes atteintes du cancer ou en rémission à manger de tout mais à éviter les excès. Sur un plan purement génétique, l'exposé du Dr Tarik Marzouki a permis d'apporter un large éclairage sur les différentes pistes de dépistage précoce proposées en laboratoire sur simple prise de sang. Si certaines recherches génétiques ne sont prescrites qu'à des cas bien précis, en raison essentiellement du coût élevé et de l'absence de prise en charge, à terme elles deviendront automatiques. Pour l'heure au Maroc, deux laboratoires, l'un américain et l'autre suisse, sont désormais représentés pour pouvoir les assurer. Les tarifs avoisinent, toutefois, les 10.000DH, au grand désarroi des patientes qui nécessitent de le faire. A l'échelle du globe, 21.800 ont déjà été testées par ces deux laboratoires. Au Maroc, le ministère de la santé devrait intégrer cette problématique dans sa prochaine feuille de route pour engager le débat avec les parties prenantes et trouver des solutions. Ceci permettra d'agir en amont, d'éviter des coûts de traitement très onéreux et surtout sauver des vies humaines. A suivre…