On dénombre chaque année entre 30.000 et 40.000 nouveaux cas de cancer au Maroc. Ce qui représente 101,7 nouveaux cas par an pour 100.000 habitants. Le cancer du sein est le premier cancer chez la femme et le deuxième au monde de par son incidence. Pour preuve, au Maroc, les dernières estimations dévoilent une incidence qui se situe entre 12.000 à 15.000 nouveaux cas dépistés chaque année. Il faut rappeler que notre pays paie chaque année un lourd tribut en vie humaine à cause du cancer ou plus exactement des cancers. Le ministère de la Santé, s'implique avec tous les moyens dont il dispose, mais il faut dire que quels que soient ses moyens, ceux-ci sont et resteront insuffisants pour prétendre faire face aux cancers. Conscients de cette situation aux conséquences parfois dramatiques et dont les principales victimes sont parfois des malades démunis, sans ressources, sans couverture médicale, des associations de lutte contre le cancer mènent aujourd'hui un combat sans merci à ce fléau des temps modernes. Parmi ces associations il y a l'Association Lalla Salma de lutte contre le Cancer, l'Association Agir, l'Association marocaine de lutte contre le Cancer, l'Association Avenir, l'Association Cœur de femmes, l'Association des Amis de l'INO(Amino), la Société marocaine d'oncologie pédiatrique, (S.M.O.P), la Société marocaine de cancérologie (SMC), qui sont des structures organisationnelles de bénévoles et de volontaires qui donnent de leur temps, de leur argent et qui s'impliquent sans compter quotidiennement pour entretenir une lueur d'espoir de vie. Sur le site de l'association Lalla Selma de lutte contre le cancer, le mot de la présidente est poignant, fort, humble, précis et surtout plein d'espoir : «Soigner le cancer, guérir le cancer est une école d'humilité et de détermination collective et solidaire. Pour chacun d'entre nous, cette grande cause peut désormais devenir un acte exceptionnel d'humanité et d'espoir partagé. Ce qui hier semblait encore impossible est en effet aujourd'hui en passe de se réaliser. Tous les indicateurs sont là pour en témoigner. Dans le monde entier, la lutte contre cette maladie trop longtemps perçue comme une fatalité, s'est transformée en un grand chantier de la vie». Ce même souci, cette même volonté de vouloir tout mettre en œuvre pour lutter effic acement contre le cancer se retrouve chez toutes les associations, chez tous les bénévoles qui militent aux côtés de ces associations qui veulent offrir aux malades atteints de cancer une chance de s'en sortir. C'est un défi que l'association Lalla Selma s'est fixé, suivie en cela par toutes les autres ONG. Le défi sera relevé, mais auparavant il faudra rattraper le retard que nous avons par rapport à la prévention, comme il nous faudra mieux organiser le dépistage et améliorer la qualité des soins, sans oublier la recherche... Rattraper le retard pris sur la prévention Nous avons pris énormément de retard dans le domaine de la lutte contre le cancer. Nous avons pendant longtemps baissé les bras face à ce fléau, mettant tout sur le compte de la fatalité, du mektoub. Or il est aujourd'hui scientifiquement prouvé que de très nombreux cancers peuvent être évités en limitant certaines agressions résultant de notre environnement et de nos comportements. Les actions qui sont aujourd'hui entreprises par l'association Lalla Selma visent une véritable mutation culturelle dans notre pays afin de limiter ces risques. Mieux connaître l'évolution de la maladie, déclarer la guerre au tabac (hôpitaux, lycées sans tabac), renforcer la lutte contre les cancers professionnels et environnementaux, développer la prévention des autres risques (danger de l'alcool et de l'exposition solaire excessive) et promouvoir les attitudes favorables à la santé (l'hygiène alimentaire par exemple) sont quelques une des mesures retenues pour atteindre cet objectif. Etat des lieux du cancer du sein L'état des lieux du cancer du sein au Maroc reste très alarmant. Elles sont 12 à 15.000 femmes par an, à souffrir d'un cancer de sein, dont 53% des cas en milieu urbain et 73% en milieu rural qui découvrent la maladie à un stade avancé. Il touche de plus en plus la tranche jeune de la société (entre 20 et 55 ans). Dans la majorité des cas, il n'est découvert qu'à un stade très avancé. C'est pourquoi, la femme se doit d'être vigilante à partir de 35 ans et faire un dépistage à l'âge de 40 ans. L'incidence du cancer du sein est en augmentation dans notre pays comme c'est le cas un peu partout à travers le monde. Elle est liée à de nombreux facteurs : vieillissement de la population, modification des habitudes de vie, augmentation du poids, impact du dépistage organisé.... Facteurs de risque de cancer du sein Les antécédents familiaux et l'âge semblent être les facteurs les plus importants : 78% des cancers du sein surviennent après l'âge de 50 ans et seulement 6% chez les femmes de moins de 40 ans. L'âge moyen au moment du diagnostic est de 62 ans. Quels sont les signes ? Grâce à un examen radiologique simple, la mammographie, qui, il faut le souligner au passage, n'existe pas dans tous les hôpitaux, mais qui est pratiqué de manière systématique dans d'autres pays, celle-ci permet de faire un diagnostic précoce des tumeurs du sein parfois avant même que celles-ci puissent être perceptibles à la palpation. Cet examen permet en effet de déceler des tumeurs de trois millimètres de diamètre. En France par exemple, ces cancers, découverts chez 30.000 femmes chaque année, le sont à un stade précoce. Or, plus la tumeur est petite, plus le risque d'envahissement ganglionnaire est faible, plus le traitement est efficace et moins il est traumatisant. Il est donc important d'effectuer régulièrement une mammographie tous les deux ans surtout à partir de 40 ou 50 ans. Par ailleurs, quel que soit l'âge, il est important d'aller consulter si l'un de ces symptômes (signes) apparaît : * Une boule ou un nodule dans la région mammaire ou dans le creux de l'aisselle, * Une légère dépression ou rétraction à la surface du sein, * Une modification locale de l'aspect de la peau, un petit écoulement du mamelon, une déformation mammaire… L'immense espoir des nouveaux traitements, grâce à de nouvelles molécules et à d'autre qui sont à l'étude dans les laboratoires, toutes plus prometteuses les unes que les autres, sont la preuve que la révolution est en marche pour vaincre définitivement dans les années à venir, le cancer, avec l'espoir qu'il devienne une maladie chronique. Comme le diabétique ou l'hypertendu, le patient cancéreux pourra bientôt vivre avec son cancer en prenant un traitement à vie.