A cause d'une subvention communale de 2 millions de DH accordée à l'association "Festival de Rabat", les élus du PJD menacent de quitter l'alliance scellée avec le maire de la ville. Explications. Le torchon semble brûler entre le maire de Rabat, Omar Bahraoui, et les élus du PJD. Après plusieurs mois d'une fragile symbiose, l'alliance entre le président haraki et les membres du bureau du conseil affilié au parti de Saâd Eddine El Othmani est aujourd'hui sérieusement compromise. Tout a commencé en fin de semaine dernière, au moment du vote du compte administratif de l'année 2004 et des prévisions budgétaires pour 2005. La pomme de discorde n'est autre que le financement du Festival de Rabat, créé et dirigé par les Uspéistes, actuellement dans l'opposition. Alors que la majorité communale avait convenu de "verrouiller" la subvention octroyée annuellement au festival, les Pjidistes ont été surpris, pour ne pas dire choqués, de voir le président Bahraoui décider de débloquer pas moins de 2 millions de DH à l'association "Festival de Rabat" (contre 1,7 million environ en 2004), dirigée par l'élu socialiste, Abdelhaq Mantrach. "Nous avions demandé, dès le lendemain des élections communales, que le financement du festival soit effectué dans la transparence absolue", souligne Réda Benkhaldoune, vice-président du conseil communal et membre du secrétariat général du PJD. La proposition des élus Pjidistes d'amender le budget 2005 a été refusée par tous les autres. Ils sont restés seuls, contre tous. Il va sans dire que l'attitude de Bahraoui est extrêmement bizarre. Comment se fait-il que des élus socialistes qui votent tous contre le bilan communal 2004, soient "récompensés", quelques minutes plus tard, avec 2 millions de DH? C'est cette contradiction flagrante, par ailleurs courante dans l'univers politique communal, que les islamistes ne semblent pas comprendre. Mantrach explique que "le vote contre le compte administratif est une position politique de l'USFP, n'ayant aucun rapport avec le financement du festival qui appartient à tous les habitants de la capitale". En tout cas, la position des Pjidistes a été claire: le budget ne doit pas spécifier la somme exacte allouée à l'association, car dans ce cas, le conseil de la ville n'aura aucun moyen de vérifier les dépenses effectuées. "Nous sommes tout à fait favorables à l'organisation d'un festival d'envergure dans la capitale, même par des socialistes mais encore faut-il que cela se fasse dans la transparence absolue car il s'agit de deniers publics", poursuit Benkhaldoune. Et d'ajouter: "un événement d'une grande facture permettrait de stimuler l'investissement et le tourisme dans notre ville". En fait, il semblerait que le PJD ne fasse pas confiance à la gestion socialiste du festival. "C'est plutôt une question de principe, le jour où nous aurons des contrôles réguliers et efficaces des activités associatives, nous pourrons concevoir le déblocage de 2 millions de DH", explique Benkhaldoune. Surtout que le PJD reproche à l'association Festival de Rabat de ne pas tenir son assemblée générale. "C'est totalement faux, assure Abdelhaq Mantrach, nous travaillons dans la transparence totale et les PV sont là pour le prouver". Toujours est-il les élus islamistes sont maintenant isolés au sein du conseil et ils ne comptent pas se noyer dans la masse. Si Benkhaldoune semble tenir des propos assez diplomatiques à l'égard de Bahraoui, d'autres cadres de son parti sont beaucoup plus virulents à l'égard du maire. "Pour la première fois, nous commençons à nous poser des questions au sujet de notre alliance avec le maire", lance l'un d'eux. Il serait même question de démissionner en bloc du bureau du conseil de la ville en protestation contre l'attitude jugée "irresponsable" du président Bahraoui. Affaire à suivre.