A cause de l'absence de toute concertation préalable entre les élus de la majorité, la dernière session du conseil de la ville de Rabat a été boycottée par l'Istiqlal et le PJD. Rien ne va plus entre les différentes composantes de la majorité au sein du conseil de la ville de Rabat. Le dernier épisode de ce feuilleton dont le titre ne serait autre que "Je t'aime, moi non plus" s'est déroulé la semaine dernière. Les deux principales composantes de la majorité, en l'occurrence le PJD et l'Istiqlal, ont carrément décidé de boycotter la session ordinaire du Conseil. Un énième camouflet pour cette majorité communale dirigée par le maire haraki Omar Bahraoui. Ces deux tendances ont pris cette décision après mûre réflexion, mais pas pour les mêmes raisons. Pour ce qui est de l'Istiqlal, tout d'abord, c'est leur "honneur" qui a été bafoué par le maire. En effet, le groupe istiqlalien au sein du conseil a présenté à ce dernier un mémorandum de 17 points pour qu'ils soient inscrits à l'ordre du jour de la session. Ce mémorandum comportait des propositions relatives au contrat avec Rabat-Parking, une société très critiquée au sein même de la majorité, mais farouchement défendue par le président du Conseil. Mais la surprise des istiqlaliens fut grande quand ils découvrirent qu'aucun point proposé n'a été retenu par Omar Bahraoui. En clair, les propositions de l'Istiqlal étaient bonnes pour la poubelle. Pourtant l'Istiqlal est une des formations les plus importantes de la majorité. Le poste de premier vice-président est occupé par l'un des leurs, en l'occurrence Hassan Cherkaoui. Ils possèdent deux présidents d'arrondissements: Abdelilah Bouzidi à Agdal-Riad et Saâd Benbarek à Hassan. Pour ce qui est du PJD, les raisons du boycott sont totalement différentes, même si finalement elles se rejoignent quant à l'attitude d'Omar Bahraoui dans la gestion du bureau. En fait, les élus du PJD ont découvert qu'un "dangereux" point a été inscrit à l'ordre du jour de la session. Pire, il a été adopté à l'unanimité par une commission et ne lui restait donc que l'approbation du conseil. Cette proposition prévoit l'achat d'un terrain de 15 hectares pour l'extension de la décharge d'Akreuch, au prix exorbitant sans commune mesure avec le prix du marché: 40 DH/m2. Cette opération devra ainsi coûter la bagatelle de 6 millions de DH au contribuable r'bati. Pourtant, lors de précédentes sessions, le Conseil avait convenu d'acheter uniquement 5 hectares et de constituer une commission qui se chargera du suivi de cette acquisition. Par la suite, un plan d'action, réalisé par la municipalité en étroite collaboration avec le gouverneur de Témara (un professionnel de l'urbanisme), avait estimé les besoins d'extension de la décharge d'Akreuch à 3 ou 4 hectares seulement. C'est à cause de cela, que tous les élus du PJD ont pris la décision, eux-aussi, de boycotter les travaux de cette session d'avril. En fait, certains élus, membres du bureau du Conseil, assurent que "cette opération ressemble affreusement à de la dilapidation des deniers publics, pour ne pas dire à de la malversation". Et pour cause, les propriétaires du terrain en question sont, semble-t-il, des proches d'un des conseillers. Or, la loi est claire. Elle interdit à la commune d'effectuer toute transaction quand l'un des élus a une quelconque relation familiale avec la tierce-partie. En outre, le Conseil de la ville de Rabat a déjà délégué la maîtrise d'ouvrage à SABR aménagement, la société d'aménagement de la baie de Bouregreg (y compris tout ce qui est extension et réhabilitation de la décharge). Les élus du PJD espèrent que la wilaya de Rabat va faire barrage à cette tentative de "dilapidation des deniers", bizarrement approuvée par l'opposition, en l'occurrence les élus socialistes. Ces derniers ne voulant pas faire de vague tant que le maire n'a pas encore signé le chèque de la subvention de 2 millions de DH au profit du festival de Rabat. En somme, cet effritement de la majorité communale prouve que ses composantes péchent par manque de concertation. Est-ce le début de la fin?