Apportant un éclairage sur le Manifeste pour la croissance et l'emploi, Jamal Belahrech, président du Centre des jeunes dirigeants d'entreprises au Maroc (CJD Maroc), annonce également la tenue, en juin prochain, du Congrès de cette association. Entretien. ALM : Quelles sont vos motivations de la publication du « Manifeste pour la croissance et l'emploi » ? Jamal Belahrech : L'idée de préparer ce manifeste est née à l'heure où le pays s'apprêtait à organiser les dernières élections législatives du 27 septembre. Nous avions pris contact avec les principaux partis politiques pour en savoir plus sur leurs programmes économiques. Surprise : nous nous sommes rendus compte du vide criard en matière de propositions sur les mesures à prendre sur le plan fiscal et juridique. Quels sont les grands axes de votre manifeste qui a été rendu public aujourd'hui ? Le manifeste se répartit en deux axes majeurs. Le premier, consacré à la jeune entreprise au Maroc, se veut réaliste. Il s'agit d'un ensemble de mesures spécifiques que nous jugeons nécessaires pour avoir une PME-PMI marocaine compétitive et génératrice de richesses. Le deuxième axe anticipe sur des mesures à dimensions sociales fortes, voire choquantes, notamment les dispositions relatives à la création d'emplois. Quels sont vos autres projets après l'annonce du contenu du manifeste ? Nous préparons un autre manifeste sur le rapprochement entre l'entreprise et le système éducatif. Le CJD cogite en parallèle sur une charte portant sur « la façon d'entreprendre au Maroc ». Notre association projette organiser son congrès national ainsi qu'une réunion euro-méditaranéenne sur l'entrepreneuriat. Ces deux événements auront lieu les 13 et 14 juin prochains à Casablanca. Quel bilan peut-on faire de l'activité de votre association ? Cela fait deux ans que nous existons. Le bilan est relativement positif dans la mesure où nous avons réussi à déclencher un travail de réflexion profonde sur la responsabilité sociale de l'entreprise au Maroc. Nous avons aussi parcouru un long chemin quant à la formation destinée aux managers adhérents à notre association. Nous avons également conclu une série de partenariats avec des pays comme la Tunisie, la France et la Belgique. Concrètement, le CJD Maroc compte actuellement une centaine de membres. L'association a commencé l'ouverture d'antennes régionales dans certaines villes du Royaume. Ce déploiement régional est un indicateur qui révèle le potentiel de développement de notre ONG. Notre cycle d'activités se déroule sur quatre phases : réflexion, formation, expérimentation et influence sur notre environnement. Pour qu'une entreprise soit performante socialement, il faut au préalable être performant économiquement. Quels sont les points de démarcation qui vous différencient par rapport aux autres groupements professionnels ? Le CJD n'est pas un syndicat professionnel avec des intérêts catégoriels. Notre mission est de vulgariser des valeurs dont l'entreprise marocaine doit se doter. A commencer par les dirigeants qui doivent revêtir une dimension aussi bien réaliste dans la gestion des affaires qu'humaniste, quant à l'impact de l'activité d'une entreprise sur la société. C'est pour concilier ces valeurs à la fois professionnelles, sociales et sociétales que nous sommes là. Autrement, nous resterons dans un système gagnant-perdant qui n'est finalement profitable qu'à une catégorie restreinte d'opérateurs, pour une période limitée dans le temps. Ce sont ces points qui nous différencient par rapport à d'autres groupements professionnels, comme la CGEM, avec lesquels nous sommes moins des concurrents que des partenaires.