Lors de son intervention au Sommet arabe, SM le Roi Mohammed VI a prononcé un discours d'une grande teneur politique, sociale et économique basé sur l'unité arabe. Le discours de S.M. le Roi lors de l'ouverture du Sommet arabe a tonné comme un baroud de vérité dans l'enceinte de Charm El Cheikh. Tout a été décrypté, au temps réel, par le souverain avec un langage direct, une méthodologie rationnelle et une franchise qui sied à la gravité de la situation. Il faut dépasser les conflits artificiels interarabes, éviter les propos de circonstance et passer au concret. Tel est le message que le souverain a passé à ses pairs, chefs d'Etats arabes : « La gravité de la situation est telle qu'elle nous invite à ne pas nous complaire dans une position d'attentisme ou d'expectative, ou nous contenter de la simple condamnation, au risque de voir se produire la catastrophe. » Cet avertissement est l'expression même des peuples arabes qui attendent de leurs responsables politiques des actions concrètes pour ressouder des rangs longtemps dispersés. Autrement, il faut dépasser les divergences et les conflits artificiels pour refaire une unité à même de faire de la communauté arabe une force de pression sur les partisans de la guerre. Il est vrai que ce Sommet est arrivé tardivement par rapport aux prises de position des différents groupements régionaux et continentaux. Mais, il n'était pas tard de faire entendre la voie des Arabes qui ont souvent perdu du terrain en tergiversant dans des circonstances pareilles. S.M. le Roi Mohammed VI n'a pas hésité d'ailleurs à rappeler ces carences avec la franchise et la sincérité d'un jeune dirigeant qui interpelle la conscience arabe : « …La Oumma arabe, a-t-elle tiré de ses déconvenues passées, tous les enseignements et les leçons pour faire face à l'épreuve que connaît l'Irak soumis à l'embargo et la Palestine spoliée » Une question-réponse qui dévoile la vérité toute crue d'un monde arabe figé dans sa sempiternelle désunion. Certes l'Irak est au cœur des débats face à une guerre imminente, mais cette réalité ne doit pas nous faire oublier le génocide commis par les israéliens à l'encontre du peuple palestinien. Le souverain en tant que président du comité d'Al Qods a raison d'évoquer cette cause arabe sacrée que certains essayent d'enterrer par la crise irakienne. Il est vrai que le danger d'une hégémonie dans la région s'est aggravée avec le spectre d'une guerre annoncée. C'est pour cela d'ailleurs que la souveraine analyse avec pertinence ses multiples répercussions sur le Proche orient, le monde arabe et le monde entier : « …Nous devons faire agir notre solidarité pour arrêter une position arabe responsable et pertinente, à même de proposer des solutions pratiques et urgentes de la crise irakienne qui connaît des développements précipités, augurant des conséquences les plus graves pour l'Irak, mais également pour la région, et le monde entier. » Si on évalue l'importance des résolutions de ce Sommet, on constate que le souverain avait anticipé sur les problèmes qui allaient se reposer dans cette réunion mouvementée. C'est pour cette raison que S.M. le Roi Mohamed VI a touché au fond du problème qui consacre la division ancienne des pays arabes. Ils sont deux, l'un d'ordre structurel et l'autre d'ordre économique. Le premier édifice qu'il faut reconstruire n'est autre que la charte de la ligue arabe qui est devenu beaucoup plus un obstacle qu'un instrument de solidarité : « l'action arabe commune requiert une méthodologie rationnelle que ne peuvent assurer les mécanismes actuels. D'où la nécessité d'une révision profonde de la charte de la ligue des Etats arabes et de ses institutions. » La deuxième composante qu'il faut construire, pour faire du monde arabe une force régionale, réside dans la coopération économique. S.M. le Roi Mohamed VI a insisté sur la création d'un espace économique arabe qui dépasse la coopération intergouvernementale. Autrement, toutes les composantes de la société arabe doivent être associées à ce projet : « Il importe, en effet, de ne pas se contenter de la seule coopération intergouvernementale, mais d'y associer des instances élues, les partis politiques, les syndicats professionnels, les organisations non gouvernementales, le secteur privé et les autres opérateurs.» Autrement, le souverain veut impliquer toutes les populations arabes dans une nouvelle dynamique d'unité, de coopération et de solidarité. Mais, tous ces objectifs ne peuvent être atteints que si les conflits artificiels sont éradiqués et surtout si la guerre contre l'Irak n'est pas contenue. Le souverain a déclenché d'ailleurs une sonnette d'alarme quant aux répercussions d'une guerre sur le monde entier: « Au lieu d'aller à la guerre, ce qui ne ferait qu'attiser les antagonistes entre les forces obscurantistes et engendrer des fractures entre les cultures et les civilisations, l'attachement à l'option pacifique prônée par la légalité internationale, au dialogue et à la négociation, est de nature à renforcer le soutien de la communauté internationale à nos justes revendications » Jamais un discours n'a été aussi clair, net et ciblé que celui du souverain rationnel, réaliste et profondément attaché à la paix dans le monde.