Dans la perspective de leur adhésion à l'Union européenne, les Chypriotes manifestent pour revendiquer un seul Etat. Ils ont jusqu'au 16 avril, au plus tard, pour obliger leurs dirigeants à se décider. Les Chypriotes turcs continuent de manifester massivement pour la réunification de l'Ile dans la perspective de son adhésion à l'Union européenne. La dernière, l'une des plus impressionnantes jamais organisée dans le secteur turc de la capitale Nicosie, a eu lieu au lendemain du séjour du secrétaire général des Nations unies. M. Kofi Annan a présenté aux dirigeants des deux parties de l'île une version modifiée de son projet sur la réunification et repoussé d'une semaine la date limite à laquelle toutes les parties devront se prononcer sur ce document. Le temps presse, car les communautés grecque et turque seront consultées par référendum et être réunies avant la signature du traité d'adhésion à l'Union européenne le 16 avril. Sinon, seule la partie grecque entrera dans l'Union en 2004. Le plan Annan prévoit la constitution d'un pays uni comportant deux Etats, grec et turc, liés par un gouvernement central. En outre, le secteur turc serait réduit de 36 % de l'île d'aujourd'hui à 28%. Les médiateurs entament donc le dernier round pour résoudre ce conflit qui perdure. C'est le moment de vérité. Les relations entre les deux communautés viennent d'atteindre le tournant le plus critique depuis longtemps. Les Européens et les Américains, pour des raisons différentes, sont d'accord pour régler la question chypriote rapidement. Pour les Américains, dont la Turquie est l'allié le plus fiable dans la région, notamment dans la perspective d'une guerre contre l'Irak, il s'agit de préparer la confrontation avec Saddam Hussein dans les meilleures conditions. Pour les Européens, il est question d'aller de l'avant dans la configuration géographique de l'Union européenne. Le règlement de la question de Chypre ne pourra pas être un retour au statut quo d'avant 1374, ni la perpétuation de la division actuelle qui régit l'île, mais plutôt un compromis historique, certes difficiles mais qui permettra l'instauration d'une nouvelle république chypriote, viable et en harmonie avec son éventuel statut européen. Ce sera difficile de tout régler d'un coup tous les problèmes et tous les litiges, héritage de plusieurs années de méfiance, de malentendus et parfois de haine. Mais, il faut essayer.