La conférence nationale sur le financement de la santé a clos mercredi ses travaux. Au total, 36 recommandations ont été retenues et constitueront la feuille de route pour l'élaboration de la stratégie nationale du financement de la santé. Ainsi, le parachèvement de la couverture sanitaire universelle (CSU) au Maroc passe indubitablement par la mise en place de cette nouvelle stratégie. Les principales recommandations des travaux de cette conférence ont tout d'abord porté sur la nécessité d'investir davantage dans la santé en tant que secteur productif et économique pour les générations futures et non pas uniquement en tant que secteur social. Il a aussi été jugé primordial d'œuvrer progressivement à l'unification des régimes obligatoires d'assurance-maladie de base avec pour objectif la mise en place d'un régime national universel de base. Il s'agit également d'intégrer le dispositif public et l'offre privée dans le cadre de véritables cartes sanitaires régionales tout en veillant à investir dans les soins de santé primaires. Les hôpitaux devront être dotés d'une réelle autonomie de gestion en tenant compte de la dimension territoriale. Il est aussi question de réaliser des gains d'efficience en renforçant le contrôle des coûts des médicaments et en améliorant le rendement du corps médical. Il a été jugé primordial de séparer les fonctions de gestion financière et de prestation des soins afin d'optimiser les ressources et renforcer la spécialisation des acteurs. En outre, il a été recommandé de garantir la viabilité financière du régime AMO et Ramed par le biais de la pérennité du financement à travers la canalisation de financements innovants (par exemple fiscalité sur les produits nuisibles à la santé) vers le Ramed, sans omettre l'équilibre financier des organismes gestionnaires. L'accent a été mis sur l'accélération de l'extension de la couverture médicale à d'autres catégories, notamment les travailleurs non-salariés. Par ailleurs, il y a lieu de relever qu'il faudra renforcer les recettes à affecter au secteur de la santé, en capitalisant sur les conclusions des recommandations des 3ème Assises sur la fiscalité, à savoir élargir l'assiette de la TVA et dédier le surplus généré aux secteurs sociaux. Il a été recommandé d'augmenter la part du budget du ministère de la santé dans le budget de l'Etat dans le but de se rapprocher des standards internationaux. On notera aussi la nécessité de poursuivre l'effort d'exonération de la TVA sur les médicaments (36% de la dépense des ménages en santé) afin de réduire la charge de soins sur les citoyens. Le positionnement actuel de l'Agence nationale de l'assurance-maladie (ANAM) devra être revu et il faudra par la même faire évoluer les textes juridiques au niveau de ses missions et de sa gouvernance pour la rendre une véritable autorité de régulation de toute la couverture médicale de base. Il faudra aussi opter pour un modèle d'achat des services médicaux centré sur la maîtrise des coûts et le suivi des prestations, en vue de converger vers l'achats stratégique. Une charte nationale de la santé devra être établie en tant que référence pour l'ensemble des parties prenantes. Pour rappel, les deux journées de cette conférence nationale se sont déroulées sous forme de deux séances plénières consacrées à la présentation du système de santé marocain et un benchmark international, notamment l'expérience de la France, du Sénégal, de la Turquie et autres...; ainsi que la gouvernance des fonctions du financement de la santé. En outre, six ateliers thématiques traitant les fonctions essentielles du financement de la santé ont été organisés.