Les membres de la Chambre marocaine des producteurs de films (CMPF) et ceux du Groupement des auteurs, réalisateurs et producteurs (GARP) se sont réunis le 14 février à Casablanca. Cette esquisse de rapprochement entre les ennemis d'hier a buté sur un mot. Les deux importantes entités de cinéma au Maroc se rapprochent. Le GARP est l'initiateur de la rencontre du 14 février, la première du genre. Certains imputent les divergences qui ont sous-tendu la relation entre ces deux entités cinématographiques à l'ancien président du GARP. Le cinéaste et producteur Abdelhaï Laraki dit à cet égard que « cette division répondait à des intérêts individuels». Saâd Chraïbi, vice-président du CMPF, dément le fait qu'il y ait un lien entre le départ de Nabil Ayouch et le rapprochement des deux instances. Il précise que le GARP a été initié par Souheil Ben Barka en juillet 2001, suite à la fameuse pétition des cinéastes qui réclamaient son départ du CCM. «Souheil Ben Barka voulait affaiblir notre chambre en créant une deuxième instance», dit-il. Quoi qu'il en soit, les divergences semblent s'inscrire dans le passé, puisque l'heure est à la discussion. Le plus clair de cette discussion a tourné autour de la réflexion sur deux instances complémentaires, l'une regroupant les producteurs de films, l'autre les réalisateurs et les auteurs de scénarios. «Nous avons recommandé que tout ce qui est lié à la production soit du ressort du CMPF et tout ce qui est réalisation et écriture se fassent au sein du GARP», dit à cet égard Sarim Fassi-Fihri, président du CMPF. Il ajoute que c'est une «aberration qu'il existe deux chambres de producteurs». Cette position est également défendue par Saâd Chraïbi qui dit : «je suis pour l'union, je suis contre la division, mais cette union devrait se faire dans le cadre de deux instances aux intérêts distincts». Mohamed Abderrahmane Tazi, président du GARP, ne l'entend pas ainsi. «Je ne partage pas cette vision des choses pour la raison que la majorité des réalisateurs marocains ont leurs propres producteurs de films», dit-il. «Nous sommes producteurs par nécessité», précise-t-il. Il ajoute que le jour où il y aura de véritables producteurs de films, les réalisateurs feront leur métier en dehors de tout souci de production. Mais dans l'attente de ce jour, le GARP ne veut pas céder au CMPF l'appellation “producteur”, ajournant de la sorte l'esquisse d'un rapprochement qui promettait peut-être une belle impulsion à la production cinématographique nationale.