Concurrence exacerbée d'autres compagnies aériennes, absence d'une visibilité sur le moyen terme, contrat programme non encore signé… Le ciel africain suscite les convoitises. En effet, la concurrence bat son plein au sein du continent concernant le transport aérien. C'est ce qui ressort de l'exposé de Abdelhamid Addou, président-directeur général (PDG) de la Royal Air Maroc (RAM). Ce dernier était l'hôte de la commission permanente chargée du contrôle des finances publiques à la Chambre des représentants en présence de Mohamed Sajid, ministre du tourisme, du transport aérien, de l'artisanat et de l'économie sociale. Addou a répété, tel un leitmotiv, son appel pour renforcer les investissements dans la RAM, notamment en ce qui concerne la flotte de la compagnie nationale. Et pour cause. La RAM fait face, selon la même source, à une rude concurrence de la part d'au moins trois acteurs et non des moindres sur les parts des marchés. Il s'agit de Turkish Airlines (Turquie), Ethiopian Airlines (Ethiopie) et Air Algérie. Il semble ainsi que les Turcs se positionnent de plus en plus sur le marché africain ces deux dernières années forts d'une flotte d'avions importante et de connexions aériennes parmi les plus étoffées sur le marché international. Pour leur part, les Ethiopiens commencent à voir plus gros et semblent donc quitter leur zone d'influence dans l'Afrique de l'Est pour se renforcer de l'autre côté du continent, en Afrique de l'Ouest. Dans ce sens, l'exposé du top management de la compagnie nationale a révélé qu'Ethiopian Airlines vient de signer un accord avec les autorités du Ghana afin de faire de ce pays un hub pour la mise en place de connexions aériennes dans toute la sous-région. Il faut dire que de toutes les concurrences sur le continent, celle exercée par l'Ethiopie est la plus dangereuse. Il s'agit d'un véritable mastodonte du transport aérien à l'échelle du continent avec une centaine d'appareils sans oublier des dizaines d'autres qui font l'objet d'une récente commande de la part d'Ethiopian Airlines. Reste enfin les Algériens. Ces derniers sont plutôt dans une démarche de réaction. Autrement, Air Algérie va «copier et coller» tous les plans et mesures prises par la compagnie nationale en ouvrant notamment les mêmes lignes et connexions à l'échelle continentale. Le risque avec cette démarche, c'est qu'elle génère un impact sur les prix et tarifs appliqués. Face à cette situation, Abdelhamid Addou a appelé à ne plus hésiter pour lancer les investissements nécessaires pour la RAM. Il est question notamment de doubler la flotte actuelle de la compagnie durant les dix prochaines années. Reste à savoir si l'Etat est prêt à suivre le transporteur aérien national dans cette entreprise. C'est d'autant plus vrai que le montant des investissements se chiffrerait au bas mot à plusieurs milliards de dirhams sachant que la marge de manœuvere du pays est plutôt limitée. Le prochain contrat programme devrait ainsi apporter les premières réponses avec celles déjà prises, notamment le remboursement des crédits TVA au profit de la RAM. Pour rappel, le dernier contrat programme avait expiré en 2016. Le prochain doit consolider la position du Maroc en tant que hub sur l'axe europe-Afrique de l'Ouest tout en developpant d'autres zones. Il est également question de faire de RAM la compagnie numéro un en Afrique tout en accélérant le procesus de transformation numérique. A noter enfin que les députés ont prévu d'ailleurs une nouvelle réunion avec le management de la RAM ainsi que le ministère de tutelle afin de poursuivre le débat dans les prochains jours. Un chiffre d'affaires de plus de 16 MMDH et 7,5 millions de passagers La réunion organisée par la commission permanente chargée du contrôle des finances publiques à la Chambre des représentants a été l'occasion pour analyser les indicateurs de performance de la RAM. Placée sous le thème «Gouvernance des établissements et entreprises publics, la RAM comme modèle», la rencontre a notamment été marquée par l'annonce de données sur la santé financière de la compagnie nationale. Dans les détails, le PDG de la Royal Air Maroc a fait savoir que la compagnie a transporté 7,5 millions de passagers en 2018, soit une hausse de 16%. Le chiffre d'affaires de la compagnie a également bondi de 15% pour s'établir à 16,7 milliards de dirhams. Il faut préciser que la RAM compte pour le moment une flotte de 61 avions, ce qui fait d'elle l'une des compagnies les plus importantes à l'échelle continentale. Les responsables comptent notamment sur l'aéroport de Casablanca, véritable hub et porte d'accès au continent pour les compagnies de transport aérien en Europe.