Israël a proposé mardi un cessez-le-feu dans la Bande de Ghaza en échange de «l'arrêt des attaques palestiniennes». Yasser Arafat a, de son côté, fait part de son inquiétude sur les projets du nouveau cabinet Sharon. Après plus d'une semaine d'attaques mortelles et de destructions successives, l'Etat hébreu a décidé de proposer mardi un arrêt des violences dans la Bande de Ghaza. Dans cette seule région, une quarantaine de Palestiniens ont d'ailleurs été tués au cours de ces «représailles aux attaques du Hamas» menées par l'armée israélienne. Des opérations dénoncées comme des «punitions collectives» lundi par plusieurs ONG présentes dans les territoires occupés. Selon la radio militaire israélienne, Tel-Aviv serait pourtant prêt à arrêter ses attaques si les Palestiniens en font de même. Ariel Sharon a même chargé le ministre sortant sans portefeuille Dan Meridor de consulter les Etats-Unis et d'autres pays afin d'élaborer un tel plan. M. Meridor a de son côté souligné qu'il «y avait un intérêt évident pour les Palestiniens de mettre fin aux attaques folles du Hamas». Il a aussi révélé être en négociations avec plusieurs responsables de l'Autorité palestinienne -mais pas Yasser Arafat, de plus en plus isolé- à ce sujet. Cette proposition est intervenue peu après que la direction palestinienne ait encore appelé les différentes formations à une trêve de l'Intifada, actuellement discutée au Caire. La veille, l'armée israélienne s'était par ailleurs retirée de Beit Hanoun, une localité située dans le nord de la Bande de Ghaza qu'elle occupait depuis dimanche. Sept Palestiniens ont été tués au cours de cette incursion censée empêcher de nouveaux tirs de roquettes, après les cinq lancées par le Hamas dimanche. Après ce retrait, le corps d'un chef local du Djihad islamique a été découvert dans l'une des maisons en ruines. Lundi soir, les soldats israéliens ont par contre lancé une nouvelle opération, cette fois-ci dans le sud, à Rafah, au cours de laquelle deux maisons ont déjà été détruites. La branche armée du Hamas a de son côté affirmé avoir abattu à la mitrailleuse à partir de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, l'avion de combat israélien F-16 qui s'est écrasé en territoire israélien. Parallèlement, dans l'Etat hébreu, les tractations se poursuivaient entre le Likoud et les petits partis -la plupart extrémistes- représentés à la Knesset. Le double accord entre Ariel Sharon et le PNR d'un côté, et le Shinouï de l'autre, a cependant déjà permis au Premier ministre reconduit de former l'ossature de sa nouvelle coalition. Une perspective qui suscite la crainte des Palestiniens. «Le prochain gouvernement israélien sera un gouvernement qui consacrera la colonisation et refusera la paix» a ainsi estimé mardi le ministre des Collectivités locales palestinien, Saëb Erakat. Le président Yasser Arafat lui-même, intervenant par vidéo-conférence au Sommet des Non-alignés de Kuala Lumpur, a affirmé que «les responsables de la mort de Rabin étaient au gouvernement». Il a expliqué que l'exécutif israélien avait tenté «de briser notre volonté et notre détermination, et notre adhésion à la paix des braves que j'ai conclue avec mon partenaire, le défunt Yitzhak Rabin, assassiné par des éléments radicaux (à Tel Aviv en novembre 1995) qui participent aujourd'hui au gouvernement d'Israël». Yasser Arafat a également répété craindre qu'Israël ne se serve d'un éventuel conflit irakien pour durcir sa position à l'égard des Palestiniens. «Le peuple palestinien, qui souffre le plus de l'agression israélienne et de l'occupation de sa terre, devra payer un lourd tribut si cette guerre est lancée» a estimé le président palestinien.