Plusieurs membres du FFD ont rejoint le PPS. En même temps, l'USFP accueille des revenants et de nouveaux venus. Faits paradoxaux par rapport à la culture de dissidence qui règne depuis longtemps. Plusieurs députés, cadres et membres du Front des forces démocratiques (FFD) ont quitté leur parti pour rejoindre le PPS. En même temps, la presse arabophone de l'USFP rapporte qu'une trentaine de membres du Parti Socialiste Démocrate ( PSD) et de plusieurs dizaines de personnes qui avaient adhéré au Congrès national ittihadi ont rejoint les rangs du parti. Abstraction faite, donc, du nombre de personnes concernées par cette «navette» partisane, il y a lieu de souligner la symbolique de ce mouvement. Il s'agit, outre le CNI, de deux formations qui se désengagent de la référence au «socialisme scientifique» et puisent leurs fondements théoriques dans un référentiel « tenant compte des acquis du socialisme et des exigences de la modernité et de la démocratie ». Dans les deux cas, il s'agit d'une transhumance allant de formations nouvellement créées à des partis historiques dont les origines remontent à l'ère du protectorat. Le FFD, rappelle-t-on, est née en 1996, suite à des divergences qui ont divisé le parti de feu Ali Yata. Son dirigeant , Thami El Khyari, a toujours plaidé en faveur d'un positionnement se situant en dehors des clivages dans lesquels se trouvaient les partis nationaux traditionnels. Le front ne fait ni partie de la Koutla, ni de la gauche classique, ni de la mouvance libérale internationale ou à spécificité marocaine. Pourtant, lors des élections du 27 septembre dernier, il a eu 11 sièges au Parlement. Un score qui dépasse celui du PPS, lequel n'a pu obtenir que neuf sièges au niveau de la Chambre des représentants. Ce fait a permis à Thami El Khyari, secrétaire national du FFD, d'annoncer à propos du départ précité, que désormais son parti fonctionnera mieux qu'auparavant : «en rejoignant le PPS, un parti qui a 60 années d'existence, mais ayant moins de sièges au Parlement actuel que le FFD, les dissidents ont prouvé que leur alibi relatif à un échec aux élections n'avait pas de fondement réel», a-t-il déclaré, en substance, à notre confrère Asharq Al- Awsat. Réagissant par rapport à ces propos, le Bureau politique du PPS a annoncé, à l'issue de sa réunion hebdomadaire du 10 février 2003, que «le PPS qui s'est fait un point d'honneur de demeurer un cadre ouvert, dans la sérénité, la liberté et la responsabilité, à tous les citoyens qui s'identifient à son projet démocratique et progressiste, n'entend pas se départir de cette ligne de conduite». D'un autre côté, concernant les nouvelles adhésions au sein de l'USFP, le premier secrétaire de ce parti, Abderrahmane Youssoufi a déclaré lors d'une rencontre avec une trentaine de personnes du PSD qui ont rejoint sa formation, que les nouvelles donnes que connaît la sphère politique au Maroc exigent une sorte d'harmonie et de cohésion de la part du bloc socio-démocrate notamment en vue des prochaines échéances électorales. Et de conclure que l'adhésion à ce bloc, de personnes ayant rejoint auparavant le courant dissident du CNI (Congrès national ittihadi) ou faisant partie d'autres formations partisanes, témoigne, à ses yeux, « d'une prise de conscience en ce qui concerne la gravité de la conjoncture ; ce qui explique le choix porté au bloc socio-démocrate que conduit l'USFP ». Un bloc qui se dit ouvert, mais qui réfute toute approche de fusion avec les autres formations de gauche qui demeurent, à son avis, minoritaires et sans trop d'influence sur le déroulement des faits et des événements politiques au Maroc.