Depuis la formation du gouvernementJettou, le phénomène de défections collectives des rangs du Front des Forces démocratique (FFD) ne cesse de s'amplifier. Pas une semaine ne passe sans que l'on annonce de nouveaux départs des rangs de certaines de nos formations politiques. Le Front des forces démocratique n'est pas en reste. Tout récemment, le secrétariat national de la Ligue marocaine des étudiants démocrates, une organisation parallèle de ce parti opérant dans le secteur estudiantin, a rendu publique une déclaration dans laquelle il remet en cause l'annonce faite par « Al Mounataf », organe du parti, le 12 mars, relative la session du printemps du Conseil de coordination nationale de la LMED. Dans cette déclaration, le coordonnateur national de cette Ligue, Abdelhakim Karman, justifie cette position par l'autonomie dont jouit son association vis-à-vis de la direction du Front des forces démocratiques, conformément à son statut. Raho El Hilae, député et ex-membre du Bureau exécutif du FFD de Thami El Khyari, qui a rejoint récemment les rangs du PPS (Parti du progrès et du socialisme), est catégorique : les statuts des associations parallèles du FFD, les dotent d'une autonomie de gestion par rapport au parti . Une position qui tire sa raison d'être de la mentalité libérale qui a prévalu lors de la création de ce parti qui aspirait à institutionnaliser une large démocratie et beaucoup de souplesse au niveau de son fonctionnement et de celui des organisations qui lui sont affiliées.. Mais au fil des ans, il s'est avéré difficile de maintenir le cap et de marquer ainsi sa différence avec les autres partis. En plus d'une étiquette lui collant au dos comme son ombre, selon laquelle le FFD aurait été créé sous l'influence d'une recommandation d'un ancien ministre de l'Intérieur, la participation au gouvernement de l'alternance et la non-participation ensuite au gouvernement de Driss Jettou ont contribué, en quelque sorte, à la dislocation de ses rangs. Pour le député de Roummani, M. El Hilae, le FFD, ou plus exactement son secrétaire national T'Hami El Kyari, n'a pas fait profiter les membres du parti de sa participation au gouvernement. «Nous sommes Marocains, dit-il, et chacun de nous a, au moins, une personne au sein de sa famille qui est dans le besoin et qui s'attend à ce que l'Administration l'aide à régler certains de ses problèmes ». Et de critiquer son ex-secrétaire national d'avoir sacrifié le parti sur l'autel de la gouvernance. Cette même approche a été développée par M. El Khyari, en d'autres termes, mais dans un autre sens, dans un entretien récent, lorsqu'il nous a fait part de ses craintes quant à l'évolution du champ politique au Maroc, notamment en mettant l'accent sur le recul des convictions et la primauté, de plus en plus manifeste, des intérêts personnels sur les valeurs d'abnégation et de sacrifice. Mais, dire que le FFD est en voie de disparition est difficile à concevoir. Dans l'immédiat du moins, même si à Oujda, Fès et Nador, les vagues de défection sont massives et qu'à Meknès, Rabat et Salé, l'on parle de plus en plus de la désertion de la majorité des membres. Sans oublier le départ collectif du Forum des ingénieurs démocrates et autres organismes qui se réclamaient du FFD. Il ne faudrait surtout pas perdre de vue les opportunités que pourraient offrir les élections locales qui approchent et les perspectives que pourrait procurer une éventuelle adhésion à la Koutla démocratique, comme le souhaite l'USFP et M. El Khyari.