Je voudrais vous parler d'un livre que je connais bien, et pour cause, je m'y suis investi pendant une année, car je croyais et crois toujours énormément en cet ouvrage d'une conception inhabituelle et où le rôle de l'auteur -donc ici le mien- est en fait un rôle mineur. En effet à force de côtoyer au quotidien notre jeunesse -non pas pour «l'observer», mais pour agir concrètement avec elle- j'ai pu mesurer son besoin de s'exprimer et ses innombrables talents. Grâce au Café Politis -agora mensuelle organisée sur l'esplanade de la Sqala, par un partenariat productif entre l'association Sqala et l'association Marocains Pluriels- j'ai pu mesurer à quel point lorsque la parole est libérée, nos jeunes savent s'en saisir et l'utiliser avec brio. Je ne m'étendrai pas sur les dons que j'ai pu constater de visu dans tous les domaines artistiques : musique, chanson, danse, vidéos, peinture, cultures urbaines, mode, etc. j'y reviendrai la semaine prochaine en vous parlant d'un phénomène «#ybane» qui prend forme, mais je voudrais aujourd'hui vous parler des nombreux talents de jeunes auteurs en herbe que j'ai pu découvrir. Peu habitués à la lecture, peu enclins à l'écriture j'ai pourtant découvert que, malgré les lacunes causées par notre système scolaire, certains jeunes ne demandaient qu'à s'exprimer par l'écrit et que lorsqu'ils s'y essayaient ils faisaient passer émotion, colère, sentiments… avec une force incroyable. Si je ne devais citer que 2 talents -impressionnants- je citerais Oussama El Bakkali et Othman Sentissi, croyez-moi de futurs écrivains s'ils savent «forcer leur destin»… Oussama en qui je crois beaucoup vient d'ailleurs de débuter une carrière prometteuse de journaliste chez Le 360. J'ai donc pour cet ouvrage «Des jeunes, des cris» eu l'idée de demander à 20 jeunes Marocains du Royaume et du Monde de décrire dans un texte «le Maroc qu'ils souhaitent, qu'ils espèrent» et comment ils pouvent y contribuer. Vous verrez, le résultat est savoureux : des écrits pleins d'espoir, d'émotion, de colère parfois, et qui tracent par leurs mots le pays dans lequel ces jeunes souhaitent vivre. Contrairement à ce que l'on entend beaucoup, ces jeunes ne parlent pas d'envie de quitter le pays, et si les reproches y sont énoncés avec force il n'empêche que tous veulent vivre ici, dans un pays où la justice sociale, l'équité mais aussi l'accès à la culture, le droit de «vivre sa jeunesse» soient acquis de droit… L'égalité homme-ffemme, la culture, la liberté, la reconnaissance, l'abolition de la hogra… reviennent comme des leit-motivs. Je voulais également dans cet ouvrage qui donne une sorte d'image instantanée des générations actuelles, montrer la beauté de notre jeunesse : dans sa diversité, dans sa mixité, dans ses postures. C'est donc Karen Assayag, jeune photographe d'origine marocaine, vivant à Paris – et dont le talent et la renommée sont aujourd'hui reconnus en France – qui y propose en une trentaine de superbes portraits de découvrir cette beauté qui illumine ce livre et qui montre nos jeunes sous un jour que trop souvent nous ignorons. Je suis persuadé que dans des temps futurs si certains veulent avoir une idée précise de ce qu'était la jeunesse marocaine des années 2020, ce livre offrira une source d'informations très riche. C'est Younes Boumehdi, le créateur et DG de Hit-Radio, fin connaisseur de la jeunesse, qui a rédigé la préface de cet ouvrage par un très beau texte, comme un cri… d'espoir !