A Mohammedia, une jeune épouse de 26 ans a tué par étouffement un de ses deux enfants. L'autre a été sauvé. Le mobile de l'infanticide : elle se venge de son mari qu'elle accuse d'adultère, de ses parents et ses beaux-parents qui haïraient les enfants. Souffre-t-elle d'une crise mentale ? Jeudi 6 février 2003. Les aiguilles des montres marquent six heures trente minutes. Les éléments de la police judiciaire de Mohammedia sont encore à leur bureau quand un jeune homme vient d'y entrer en toute hâte, transpirant à grosses gouttes. L'un des limiers a tenté de l'apaiser. Mais en vain. Le jeune homme, qui n'arrive pas à retenir ses larmes, essaie de dire quelque chose. Mais il n'arrive pas. Le policier a tenté une fois encore de le calmer. Mais il n'arrive pas. «Ma femme m'a téléphoné et m'a dit qu'elle avait tué nos deux enfants, Malika et Khaled…», gémit-il les larmes aux yeux. Ce jeune de trente-deux ans était à son job, à Casablanca, quand son épouse lui a téléphoné pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. La nouvelle dépasse son imagination. Perturbé, il a jeté tout ce qui était entre ses mains… «Ne crois pas à ses dires, aucune mère ne peut tuer ses enfants…», lui lance l'un de ses collègues pour le calmer. Mais il n'entendait rien. Son seul souci, à ce moment-là, est le sort de ses deux enfants. Les larmes coulaient de ses yeux en cascade. Des images affreuses lui hantaient l'esprit au cours de son chemin. Et des questions, sans réponses, tourmentaient son esprit. Est-elle arrivée, vraiment, à mettre fin aux jours de ses deux enfants, Malika, trois ans et Khaled, qui n'a pas encore un an ? De nombreuses questions effleurent son esprit et torturent son cœur. Quand il est descendu du véhicule, il n'a pas su quelle force l'a poussé vers le commissariat et non pas à destination de chez lui pour s'assurer si vraiment sa femme avait tué ses deux enfants ou pas. Avait-il une intuition qu'elle pourrait commettre l'irréparable? Un parricide n'est pas un acte qui dépasse la réalité, mais un acte ordinaire pour un policier. Ce qui lui importe est de mettre fin au danger qui peut devenir plus dangereux et mettre l'auteur hors d'état de nuire. Effectivement, les limiers de la PJ de Mohammedia se sont dépêchés sur le lotissement Moumen où habite le jeune plaignant. Ils ont trouvé sa femme dans un état hystérique. Elle criait, brandissant un couteau, et menaçait tous ceux qui tentaient de l'approcher. Elle a vingt-six ans et personne ne sait ce qui lui est arrivé. Ses voisins expliquent qu'elle est nerveuse et ne supporte personne au point qu'ils l'évitent. Son mari, également, atteste qu'elle ne retient pas ses nerfs une fois en colère, qu'elle devient hors d'elle pour le moindre soupçon. Après moult tentatives, les policiers sont arrivés à la maîtriser et à entrer dans la maison pour chercher les deux enfants. Le père s'est effondré dès qu'il a vu les corps de ses deux enfants étendus sur le lit. Les éléments de la protection civile se sont dépêchés sur le lieu. Ils se sont aperçus que la fille, Malika, a rendu l'âme, alors que son frère est encore en vie. Il a été évacué vers les urgences pour le sauver. «Je les ai étouffés par un soutien-gorge…», déclare-t-elle aux enquêteurs. Pourquoi ? «Mon mari me trompe avec d'autres filles et mes parents et mes beaux-parents ne les aiment pas…», répond-elle. Une réponse qui ne justifie pas l'infanticide. Elle souffre de troubles mentaux.