Le débat riche autour de la question du leadership féminin aura eu le mérite de soulever sans tabou des réalités de l'environnement marocain qui bloquent encore l'ascension sociale de la femme. Après à peine moins de trois mois d'existence, le réseau Wimen (réseau international de femmes dirigeantes) opère sa première sortie médiatique sous la thématique «le leadership féminin, leadership de demain». Et c'est avec un panel constitué de trois femmes publiques dont le parcours et les performances ne sont plus à démontrer que le sujet sera décrypté et analysé selon la vision et le vécu de chacune. Dr Najat M'jid, pédiatre, fondatrice de l'Association Bayti, experte dans le domaine des droits de l'enfant et professeure universitaire, connue par son franc-parler et son humilité, fera remarquer d'entrée que «ce n'est pas dans son optique d'être leader car elle est médecin avant tout». La femme qui a appris sur le terrain en toute humilité, en sillonnant les rues de Casablanca pour essayer de sauver des centaines, voire des milliers d'enfants, depuis déjà plus de 20 ans, estime que «la grande différence entre l'homme et la femme réside dans l'empathie. Et c'est de là que le leadership féminin s'impose». Energie positive, intuition, sensibilité sont autant de qualités qui renvoient à l'intelligence émotionnelle, nourrissant, à son tour, ce leadership féminin. La porte-parole des enfants est passionnée. Elle insistera sur le fait que l'égo devra être mis de côté au risque même de se voir approprier son projet. L'essentiel étant la cause. Dans l'entreprise, les enjeux sont identiques et le manager devra également mettre de côté son égo pour fédérer ses équipes. Ce n'est que de cette manière que les objectifs seront atteints dans une ambiance saine. L'experte relèvera aussi que, compte tenu de ce qui se passe dans le monde, le leadership de l'adversité devra être pris en compte. Le faible taux relatif à la mixité l'entretient. La femme devra, en effet, effectuer des efforts plus importants que ceux déployés par les hommes pour arriver au même poste de responsabilité. Les faits sont têtus et les différents sondages l'attestent. Sur un autre registre, Dr Mj'id fera remarquer que le challenge dans le leadership féminin est d'intégrer la culture de l'humain et celle de la performance. Toutes les deux sont essentielles et l'une ne pourra se substituer à l'autre... Bref, l'experte insistera sur le fait que «le leader devra être crédible en faisant preuve d'empathie, d'humilité et d'intégrité. Il devra développer le sens de l'autocritique et celui de l'engagement. Il doit aussi avoir une bonne connaissance de l'environnement politique». Elle n'omettra pas d'insister sur le fait que le leader n'est pas forcément celui qui sait tout mais au contraire il devra se dire «je ne suis pas indispensable». D'autres qualités ont été analysées par la pédiatre qui a eu à assumer des responsabilités aussi diverses que sensibles. L'une d'entre elles étant l'agilité car pour elle, la femme est intuitive donc elle peut aller plus vite que l'homme dans sa manière de gérer les équipes. Et là aussi le leadership féminin fait la différence... A son tour, la journaliste, militante associative et essayiste tunisienne Feriel Berrais Guigny a pris la parole pour livrer son point de vue sur la question du leadership féminin. Pour elle, il n'y a pas de leadership féminin... Le leadership dans sa consonance globale est, justement, destiné à faire avancer les choses en Tunisie. Elle déclare que «le leadership commence à la maternelle chez la femme qui ne doit donc plus se réprimer». L'électron libre- comme elle s'est identifiée – lors de son élocution- rappelle son caractère activiste qui entend bien braver encore plus d'obstacles pour donner à la femme tunisienne encore plus de droits. La religion et l'héritage sont deux points dans lesquels justement la femme tunisienne a gagné des points. La vision est différente par rapport à celle de la première intervenante, tout ceci pour dire que le leadership devra tenir compte de l'environnement politique. Najat M'jid l'a bien souligné ! Sanae Lahlou qui vient, il y a quelques jours, de faire le buzz médiatique lors de sa toute fraîche nomination à la tête de la Business Unit Afrique chez Mazars, a été identifiée par la présidente du réseau, Leila El Andaloussi, experte-comptable de formation et conviée à apporter un éclairage sur la question. Plus jeune que les deux autres intervenantes, Sanae Lahlou, diplômée de l'Université Al Akhawayn et de Sciences Po dans le domaine des relations internationales, se rappelle combien il est difficile de s'affirmer en tant que femme au Maroc. Sa précédente expérience l'avait mise devant bien des défis et la manager a rappelé qu'à 26 ans, embarquer des personnes qui ont près de 50 ans n'était pas une mince affaire. Selon elle, «un manager ne peut pas être un bon leader s'il n'est pas épanoui». Elle, qui a initié le concept de la Caravane de l'Export, réunissant plus de 100 chefs d'entreprises en Afrique subsaharienne, se rappellera la représentativité des femmes au sein de cette mission, à savoir 3 ! Selon elle, la solidarité féminine manque au Maroc. En définitive, le débat riche autour de la question du leadership féminin aura eu le mérite de soulever sans tabou des réalités de l'environnement marocain qui bloquent encore l'ascension sociale de la femme. La convention de partenriat, signée entre la présidente du réseau Wimen et Lamia Benmakhlouf, DG du Technopark, aura pour mission première de booster les 950 femmes évoluant sur le site. Le coaching pour un épanouissement dans sa carrière professionnelle est essentiel à ce niveau. Amal Hihi le rappellera dès le début de la conférence de presse qui marque le début d'un programme varié de telle sorte à donner les ingrédients essentiels aux femmes managériales pour les accompagner dans leur parcours. A suivre...