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Tout comme les femmes il existe des hommes battus : 24.500 cas recensés au Maroc
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 16 - 01 - 2019

Les témoignages d'hommes victimes de violence sont nombreux et montrent que le phénomène touche toutes les catégories sociales, toutes les tranches d'âge et toutes les villes.
Si les femmes restent, de loin, les premières victimes de violences, les cas d'hommes battus et humiliés par leurs épouses sont de plus en plus nombreux dans notre pays. Selon Abdelfattah Bahjaji, président du Réseau marocain pour la défense des droits de l'Homme, 24.500 cas d'hommes violentés par leurs femmes ont été recensés par l'association depuis 2008 jusqu'à présent. En 2018, le Réseau a notifié 3.000 cas contre 2.500 en 2017. Ces chiffres alarmants sont loin de refléter la réalité. Il ne s'agit là que des cas d'hommes violentés qui se sont rendus chez l'association. «Bon nombre de victimes qui ne peuvent pas se déplacer pour des raisons quelconques ou qui préfèrent garder l'anonymat nous contactent par téléphone. En moyenne nous recevons entre 3 et 4 appels d'hommes victimes de violence chaque jour. Le nombre d'hommes violentés est beaucoup plus important. Les hommes n'osent pas en parler par honte. Le tabou entourant les hommes victimes de violence conjugale est encore bien ancré dans notre société», affirme M. Bahjaji. Les témoignages d'hommes victimes de violence sont nombreux et montrent que le phénomène touche toutes les catégories sociales, toutes les tranches d'âge et toutes les villes.
Il a été gravement blessé à la tête, avec une fracture du bras et des hématomes sur tout le corps…
Les violences conjugales subies par les hommes sont beaucoup plus souvent physiques que sexuelles. Le président de l'association signale que la violence physique arrive en tête et représente 25% des cas recensés. Coups et blessures, hématomes sur le corps, fracture de la tête et de la mâchoire, blessure à la main par un coup de couteau, griffures au visage, gifles, morsures… en sont les principaux exemples. Les femmes ont recours à toutes sortes d'objets pour agresser leurs conjoints : ustensiles de cuisine, pilon (Mehrez), couteau, bâton. «Nous avons reçu plusieurs cas graves. C'est notamment le cas d'un commerçant âgé de 54 ans à Casablanca. Sa femme accompagnée de son frère l'ont frappé violemment sur la tête et sur tout le corps avec un bâton.
La victime a été gravement blessée à la tête, avec une fracture du bras. En outre, cet homme présentait des hématomes sur tout le corps. Le médecin lui a alors délivré un certificat médical de 45 jours. Elle l'a mis à la rue et elle lui a interdit de voir ses enfants. Depuis, il vit chez ses parents. Ce dernier a fini par porter plainte contre son épouse», indique M. Bahjaji. C'est aussi le cas d'un fonctionnaire résidant à Hay Hassani. «Sa femme avait pris l'habitude de sortir chaque jour du matin au soir sans lui dire où elle allait. Se doutant qu'elle le trompait, il a fini par la suivre. Il a alors découvert qu'elle entretenait une relation avec un autre homme. Au lieu de s'excuser, celle-ci l'a giflé et lui a griffé le visage en plein public sans qu'il puisse se défendre. En plus des agressions physiques, sa femme l'insultait. Jusqu'à présent, il ne sait toujours pas où elle a disparu». En revanche, les cas de violence sexuelle sont plutôt rares.
L'association n'a reçu que 2 cas d'harcèlement sexuel en 2018. Tel est le cas d'un jeune chauffeur. «Sa patronne, une femme mariée, l'a à maintes reprises harcelé pour avoir des rapports sexuels avec elle. Le jeune chauffeur a toujours refusé d'obtempérer».
C'est aussi le cas d'un employé dans une grande société qui s'est retrouvé à la porte car il refusait de faire l'amour avec sa supérieure. Parmi les autres types de violence figure la violence verbale qui représente 20 à 25% des cas notifiés. Elle se manifeste par des accusations non fondées ou le recours aux insultes devant les enfants, les voisins, en plein public ou sur le lieu du travail du conjoint. Enfin, la violence juridique a pris de l'ampleur ces dernières années. Dans la plupart des cas recensés, il s'agit de pères de famille qui se retrouvent dans l'obligation de payer des pensions alimentaires (Nafaqa) supérieures à leurs salaires. «Nous avons reçu au sein de l'association un cas assez particulier. Il s'agit d'un employé qui est contraint de verser une pension alimentaire de 2.500 DH pour son fils alors qu'il ne gagne que 2.300 DH par mois». Au Maroc, il n'existe aucune structure officielle pour venir en aide à ces hommes.
L'association SOS hommes battus, créée en 2008, tente de les aider. Le Réseau ne dispose toujours pas de local pour recevoir les victimes. En l'absence du local, l'association reçoit les hommes violentés dans les maisons de jeunes. Le Réseau manque aussi de moyens humains et financiers.


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