Les trois Saoudiens impliqués dans l'affaire de « la cellule dormante d'Al-Qaïda » ont nié être membres d'Al Qaïda et avoir préparé des attentats au Maroc, tout en reconnaissant avoir passé des mois en Afghanistan avec les "Moujahidine des Taliban". Lors de l'audience du mardi dernier, qui a duré six heures, les trois Saoudiens impliqués dans l'affaire de «la cellule dormante d'Al-Qaïda» ont nié devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca être des membres d'Al-Qaïda. Le Saoudien Zouhaïr Hilal Mohamed Tabiti, qui a commencé par un verset du Coran et un hadith du prophète, a précisé qu'après avoir étudié la littérature, passé deux ans et demi dans l'armée saoudienne et s'être adonné au commerce, il a regagné, en 2000, l'Afghanistan, via le Pakistan, avec l'intention de rejoindre les “Moujahidine“ en Tchétchénie. Ils étaient un groupe de 25 personnes dans un complexe d'habitation à Kandahar avant d'aller à Kaboul. Il n'a pas nié avoir rencontré Oussama Ben Laden et le Mollah Mohamed Omar et avoir prêté serment à un Yéménite qui se nomme Azzame. Il a reconnu que son ami Aboulkacem Zarani a été tué à Toura Boura, ainsi que son épouse marocaine, Raja Benmoujane. «Je n'ai pas reçu de lettre de chez Oussama Ben Laden et je ne sais pas si le Marocain Abdellah Tabarak est son garde du corps ou pas…», a-t-il déclaré. Ce dernier lui a donné le numéro de téléphone du Marocain, Abou Houdayfa, de son vrai nom Ahmed Rafiki, qui était en Afghanistan avant de retourner au Maroc. Il a rencontré ce dernier quand il est arrivé, la première fois, au Maroc et il a fait la connaissance du Marocain Saïd Boujaydia, arrêté en Afghanistan, lors des bombardements effectués par les Américains contre le régime des Talibans. C'est Boujaydia qui a fait l'intermédiaire entre Zouhaïr Tabiti et sa belle sœur, Bouchra Benmoujane, qui est devenue sa première épouse et qui a été assassinée à Toura Boura en Afghanistan. Concernant son existence au Maroc, Zouhaïr Tabiti a affirmé : «J'ai retourné au Maroc pour deux raisons : Présenter mes condoléances à ma belle-famille et me remarier avec une Marocaine…». Et il a nié avoir l'intention de préparer des attentats contre des navires occidentaux transitant par le Détroit de Gibraltar et contre des cafés situés à la place Jemaâ El Fna à Marrakech. Certes, il a confirmé avoir fait, en Afghanistan, la connaissance des deux autres Saoudiens, impliqués dans ce dossier, à savoir Abdellah Msaffer Ali Al Ghamidi et Jaber Aouad Al Assiri, mais il a nié avoir une relation avec un certain Mollah Bilal, un certain Abdelhalim Traouri, un certain Aboulkacem Zahrani. A propos de son mariage avec Bahija Haydour, il a reconnu avoir fait sa connaissance à travers Jaber Aouad Al Assiri qui s'est remarié avec la Marocaine Naïma Haroune. Par ailleurs, Zouhaïr Tabiti a nié avoir acheté des produits chimiques et d'autres objets nécessaires pour la fabrication d'une bombe de cinq kilos, mais il a reconnu avoir acheté une petite balance de 400 grammes pour le compte de son frère. Jaber Aouad Al Assiri, qui a commencé également avec un long verset de coran, a précisé, pour sa part, n'avoir pas d'appartenance politique ni de formation militaire. Il a ajouté qu'il a regagné, en 2000, le Maroc pour se remarier avec une Marocaine, alors qu'il avait sa première femme, mère de ses quatre enfants, en Arabie saoudite. Il a affirmé par ailleurs que : «Lorsque j'ai parlé du Jihad à mon ami marocain, M'hamed Boukhari, il m'a proposé d'aller en Afghanistan…». Il y est arrivé et il a fait la connaissance de plusieurs arabes dont le Saoudien Zouhaïr Hilal Mohamed Al Ghamidi. Jaber Al Assiri a nié également avoir l'intention de bombarder le local de la société de transport la CTM à Marrakech ni la place de Jemaâ El Fna. «Mais je ne suis venu au Maroc que pour rendre visite à ma femme et mes enfants…». Il a affirmé par ailleurs avoir fait la connaissance, en Afghanistan, d'un certain Abou Al Abbès, avec lequel il avait parlé seulement du mariage. Ce deuxième saoudien n'a pas hésité à reconnaître avoir falsifié le passeport de son épouse saoudienne pour emmener avec lui son épouse marocaine. Mais sans avoir soudoyé le policier de l'aéroport Mohammed V, impliqué dans ce dossier. Le troisième Saoudien impliqué dans ce dossier, Abdullah Msaffer Ali Al Ghamidi, a affirmé avoir suivi des exercices militaires au camping Al Farouk, à Kandahar, en Afghanistan où il avait fait la connaissance des deux Saoudiens, impliqués dans ce dossier, et qu'il a regagné le Maroc seulement pour le mariage. Cependant, il a été refusé comme mari par la famille le mariage lui avait été proposé par son ami, Zouhaïr Tabiti, parce qu'il s'adonne à l'ivresse. Il a ajouté, par ailleurs, qu'il avait ouvert un compte bancaire au nom de son ami, le Marocain Mohamed Nadiri, et qu'il avait utilisé le compte bancaire de son frère, Hicham Nadiri, pour un seul virement. Le commerçant Mohamed Nadiri, quant à lui, a reconnu avoir fait la connaissance du Saoudien Al Ghamidi et qu'il l'avait aidé pour avoir les sommes d'argent que lui envoyait sa mère. A ce propos, il lui a ouvert en son propre nom un compte bancaire et lui a facilité quelques virements en lui donnant le numéro du compte de son frère, Hicham. Ce dernier a nié être au courant des agissements de son frère. Le commerçant, Mohamed Mafamane, qui a passé le dernier, lors de cette audience, a reconnu avoir aidé, à Zouhaïr Tabiti en lui versant une première somme de 4 milles dirhams et une deuxième de 2 mille dirhams. Il a reconnu l'avoir connu par le biais de Saïd Boujaîdia tout en niant avoir la connaissance qu'ils ont membres d'Al Qaïda. L'audience a été levée vers 22h mardi pour être reprise le lendemain mercredi dans l'après-midi afin d'interroger Bahija et Houria Haydour, Naïma Haroune et le policier de l'aéroport Mohammed V, Abdllah Abide. Signalons que, suite à une requête présentée par la défense, la Cour a décidé au début de l'audience de permettre aux deux Saoudiens, Zouhaïr et Al Assiri et a leurs épouses, d'établir un acte de confirmation de mariage à l'intérieur de la prison Oukacha.