Les militants du PJD ont protesté, vendredi dernier, contre un spectacle de l'humoriste français Laurent Gerra. Neuf d'entre eux ont été arrêtés. Deux députés de ce parti s'expriment sur les motivations de cette marche de protestation. «Il est inadmissible qu'un humoriste, connu par ses positions sionistes, se produise dans notre pays sans que personne n'y trouve à redire», c'est en ces termes que Saâdine El Othmani, vice-président du Parti de la Justice et du Développement (PJD), justifie les motivations de la manifestation du vendredi devant le complexe Mégarama. Cette marche a été contrée par un impressionnant déploiement des forces de l'ordre. «Cet humoriste participe à toutes les activités pro sionistes, en France. Il a même signé une pétition réclamant l'ostracisme de l'un de ses confrères, rien que parce ce dernier a pris position en faveur des Palestiniens», renchérit Saâdine El Othmani. Le confrère en question est l'humoriste Dieudonné. Au demeurant, l'initiative de cette marche de protestation n'appartient pas au PJD, mais au Collectif national pour l'Irak. Interrogé sur le fait que les militants du PJD ont été les plus visibles durant cette manifestation, Khalid Sefiani, membre de ce Collectif, répond que toutes les tendances politiques y étaient représentées. «Il y avait autant de gens de gauche que de partisans du PJD», dit-il. Au reste, cette manifestation ne s'est pas passée sans incidents. Neuf militants du PJD ont été arrêtés. Mustapha Ramid, président du groupe parlementaire du PJD, dément les informations rapportées par la presse au sujet de son arrestation. «Je n'ai pas été arrêté!», affirme-t-il. «Il est monté dans la fourgonnette des agents de l'ordre par solidarité avec les militants de notre parti», précise El Othmani. Donc, Ramid serait monté de son plein gré dans la fourgonnette. Les avis de ces deux députés sur la manière dont ces arrestations se sont opérées divergent. Pour El Othmani : «On déplore les excès. On aurait souhaité qu'il n'y ait pas le moindre incident». «Il n'y a pas eu de violence ou d'excès des deux parties», affirme, pour sa part, Ramid. El Othmani qualifie de surcroît cette «affaire de dangereuse». «On gratifie en plus un ennemi de la nation arabe de 400 000 DH !», s'indigne-t-il. Mustapha Ramid a un discours plus tempéré : «C'est une chose naturelle qu'il y ait ce genre de manifestations et une preuve de la bonne santé de notre société. Ceux qui ont eu le courage d'inviter Laurent Gerra l'ont fait en toute liberté, ceux qui ne sont pas d'accord affichent leur désaccord !» Le PJD se fait de plus en plus remarquer par des actions ayant trait à des manifestations culturelles. Son cheval de bataille est actuellement la culture. Il est vrai cette fois-ci que les positions, ouvertement favorables de Laurent Gerra au gouvernement de Sharon, constituaient une cible facile. Mais ce regain d'intérêt des islamistes pour des expressions culturelles revêt aussi des visages nettement moins défendables. Le dernier en titre est l'opposition de ce parti à la traduction en amazigh du «Pain nu», le récit autobiographique de Mohamed Choukri.