L'association des anciens élèves du lycée militaire royal a été créée en juin 2002. L'objectif de ses membres est de véhiculer les valeurs acquises dans ce prestigieux lycée qui a formé une élite qui occupe des postes de responsabilité au Maroc et à l'étranger. Son président, Khalid Assari, nous livre les secrets de cette réussite. Interview. ALM : Quand on évoque le lycée militaire, la mémoire collective pense souvent à une formation pour une carrière militaire. Ce qui n'est pas le cas du lycée militaire royal de Kenitra ? Khalid Assari : Effectivement l'opinion publique a cette fausse idée de la vocation du lycée royal militaire de Kénitra certainement à cause de son appellation. Il est vrai que les étudiants sont soumis à une discipline rigoureuse dans un système d'internat très pointu sur le respect des règlements. Mais ce lycée, qui été crée au début des années soixante par Feu S.M. le Roi Hassan II, n'a aucunement une vocation militaire. L'idée du défunt souverain était de permettre aux enfants des militaires de poursuivre leurs études dans un cadre agréable avec des conditions favorables à l'épanouissement des enfants. La plupart des étudiants sont issus de familles modestes et sont totalement pris en charge tant au niveau des études, de l'habillement que de la nourriture. Certes ces étudiants sont tenus de porter un uniforme et l'encadrement est militaire. Mais cette exigence constitue une simple tenue de rigueur, comme cela se produit dans des écoles anglaises et américaines. Autrement et jusqu'au début des années 80, l'enseignement dans le lycée militaire était calqué sur celle de la Mission française en plus des cours dispensés en arabe. Ce qui est encore plus significatif, c'est que cette école n'est pas réservée exclusivement aux fils des militaires puisqu'elle est ouverte à tous les candidats qui réussissent au concours d'accès. Ce qui veut dire que les enfants des civils peuvent intégrer cette école ? Absolument et cela s'explique par la réputation de l'école qui a dépassé le cadre qui lui était réservé pour devenir une institution de référence au niveau national. Son système d'enseignement est si performant que le taux de réussite en baccalauréat français frisait tout le temps les 100 %. L'encadrement militaire, le régime d'internat avec une seule journée de repos et la qualité de l'enseignement ont rendu l'école très prisée par les parents d élèves. Ceci étant, il faut préciser sur les 4800 lauréats de cette école seuls 3 % ont embrassé une carrière militaire. Les autres ont continué leurs études à l'étranger et exercent aujourd'hui des postes de responsabilités dans tous les secteurs professionnels aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Quels sont les noms les plus connus de vos anciens camarades de classe ? Ils sont nombreux, mais je citerai notamment Mehdi Kotbi qui siége au CCDH, Tawfik et Said Ibrahimi respectivement directeurs généraux de la COMNAV et du CNCA. Il faut évoquer aussi le professeur Mohamed Andaloussi, qui est directeur du CHU de Casablanca ainsi qu'Abdallah Redouane qui est responsable de l'Institut islamique euroépén de Londres. Beaucoup de lauréats du lycée royal militaire font de la recherche scientifique à l'étranger, d'autres sont des administrateurs de société et l'hôpital militaire de Rabat compte 38 professeurs issus de notre école. Le professeur Bellabah Hamid qui est le pionnier de la transplantation de foie au Maroc est lui un ancien du lycée. Et j'en oublie certainement. Est-ce à dire que vous avez maintenu le contact entre vous après avoir quitté le lycée. Nous n'avons jamais coupé ce cordon ombilical qui nous a lié pendant huit ans de vie commune qui a traversé une partie de notre enfance et celle de notre adolescence. Ce sont les meilleurs moments de la vie d'une personne quand on sait qu'on est rentré au lycée à l'âge de 10 ans et qu'on en est sorti à 18 ans. C'est difficile d'oublier ces camarades de classe surtout lorsqu'on sait que l'école nous permettait de pratiquer des sports aussi prestigieux que le golf, l'équitation et le tennis. On a reçu la même éducation pointue et l'on a été soumis à une discipline rigoureuse pour ne pas nous retrouver avec les mêmes valeurs quand nous sommes rentrés dans la vie professionnelle D'où l'idée de créer l'association des anciens élèves du premier lycée militaire royal dénommée solidarité LMR ? L'idée germait dans nos esprits depuis des décennies et l'on en parlait à chacune de nos rencontres. Mais il a fallu attendre le mois de juin 2002 pour que ce rêve se concrétise, quand près de 300 anciens élèves du lycée se sont réunis en assemblée générale constitutive. Notre objectif est de contribuer à la promotion sociale des membres de l'association, mais aussi et surtout de participer d'une manière active à l'émancipation civique de notre société. Notre champ d'action est aussi large que la diversité professionnelle des membres de « Solidarité LMR » en s'articulant sur l'entraide en interne et les actions sociales en externe. Notre association a élaboré un programme d'action qui englobe des conférences, un jumelage avec une association similaire en France, des actions sociales et des campagnes de sensibilisation. Pour être bref, nous comptons entamer une opération d'envergure de soins dentaires au profit de 1000 enfants. Mais nous allons aussi agir dans d'autres domaines comme celui de la prévention routière en éditant un fascicule qui rassemble les règles de base de la conduite. C'est la moindre des choses, quand on sait que nous sommes très redevables à l'Etat qui nous a pris en charge tout au long de nos études pour ne pas lui rendre la pareille en contribuant à l'émancipation de notre société.