Un an après l'entrée en vigueur du code de la famille, Zhorr El Horr, présidente du Tribunal de Derb Soltane El Fida à Casablanca, fait un premier bilan. ALM : Quel bilan faites-vous du code de la famille ? Zhorr El Horr : Au Maroc, les familles souffrent de plusieurs problèmes. Il y a des problèmes de chômage, d'enseignement, de santé etc. Le code de la famille n'est pas la baguette magique qui va tout résoudre. C'est juste un moyen qui va nous permettre d'asseoir un équilibre entre la femme et l'homme. Dans l'ensemble le bilan est positif. Quelles sont les limites de ce code? La majorité des problèmes rencontrés sont des problèmes de compréhension et de changement de mentalité. Ceci est normal eu égard aux traditions séculaires qui ont toujours amoindri la femme. Ce qui compte, c'est que nous mettons dorénavant à la disposition des familles marocaines un code clair et facile à appliquer. Malgré quelques dérapages inhérents à la nature délicate et personnelle du code, on tente d'unifier les visions. Il ne faut jamais s'éloigner de l'esprit dans lequel il a été crée. Quels sont les volets qui ont connu le plus de répondant ? C'est le divorce “Chikak.“ Il permet à la femme d'obtenir le divorce tout en gardant ses droits, sans que le mari n'ait failli à aucun de ses devoirs conjugaux. Le divorce par compensation, (Kholâa, càd un divorce qui répond à la volonté de la femme qui, en contrepartie, renonce à tous ses droits) est par contre en recul. Avant de prononcer le divorce, il se passe un temps. Comment préserve-t-on les droits des enfants dans ce cas ? Ils restent avec le parent qui a le droit de garde. Il est attribué par ordre de priorité à la mère, le père, la grand-mère etc. Bien entendu, le droit de garde concerne les enfants de moins de 15 ans. Qu'est-ce que vous conseilleriez à une femme (professeur universitaire) qui se fait battre par son mari devant ses trois enfants pour les plus banales des raisons? Il ne se gêne pas pour la mettre en dehors de chez elle après chaque dispute... Le mari n'a pas le droit de mettre sa femme en dehors du foyer conjugal. Si la femme est battue par son mari, elle doit recourir au ministère public pour faire valoir ses droits. Si elle arrive à prouver qu'il la bat, le mari risque une peine pénale. Elle a le droit d'habiter le foyer conjugal jusqu'à ce que le divorce soit prononcé. Les allocations familiales seront fixées en conformité avec la situation matérielle du mari. Si le mari veut garder le même foyer, il doit assurer à sa femme et ses enfants un logement allant en parallèle avec ses revenus. Même si cette femme possède un appartement et gagne bien sa vie? Ceci ne change rien en les devoirs du mari vis-à-vis de ses enfants. Autre cas et non moins tragique: c'est une femme qui est mariée à un drogué. Ce dernier ne se gêne pas pour venir tard la nuit et faire du tapage et agresser sa femme et ses enfants dans l'indifférence de la police. Elle devait recourir à la délégation du ministère public dont elle est rattachée. Et c'est à ce niveau que l'ordre est transmis à la Sûreté nationale, qui s'occupera de l'affaire.