Dans un pays aussi endetté que le Maroc, les accidents de la route font des ravages. Ils coûtent au contribuable la bagatelle de 11 milliards de DH. Ces 11 milliards de DH correspondent à 2,5% PIB (Produit intérieur brut) selon les déclarations du Premier ministre Driss Jettou, faites dans le cadre des travaux du Comité interministériel chargé de la sécurité routière. Nous ne pouvons toutefois pas parler de pertes matérielles sans évoquer celles humaines. D'après les statistiques relatives à l'année 2002, le Maroc a enregistré plus de 52 mille accidents corporels ayant fait 3.700 morts et 14.900 blessés graves. Ainsi nos routes tuent plus de 10 personnes par jour. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est tragique et excessif ! Ceci étant, à considérer les 11 milliards de DH qui s'évaporent à cause des accidents de route, l'on est tenté d'imaginer ce que l'éradication de ce fléau pourrait nous faire gagner en tant que pays ayant des besoins énormes en matière d'infrastructures. Sans accidents de la circulation et dans le meilleur des mondes, on pourrait construire 11 mille kilomètres d'autoroutes! Ce qui aura des répercutions immédiates sur l'amélioration du trafic routier au Maroc. Ceci relève de l'idéal. Par contre ce qui est tout à fait réalisable, c'est de commencer par diminuer ces pertes de moitié et gagner donc 5.500 kilomètres d'autoroutes. Un pari jouable pour peu que la volonté y soit. Cela ne va pas à l'encontre des ambitions du ministre de l'Equipement et des Transports, Karim Ghellab. Ce dernier compte « renverser la tendance actuellement à la hausse des accidents de la circulation dans moins de trois ans et réduire significativement le nombre des tués et des blessés graves ». Onze milliards de DH équivalent aussi le pactole récolté de la cession de la deuxième licence GSM. Imaginons que cette licence se soit attribuée à un organisme sous tutelle publique. L'Etat renouera alors avec les bons investissements rentables et bénéfiques pour notre économie morose ! Ceci relève évidemment du rêve. Dans un vieil adage marocain, il est dit que « l'argent ramène l'argent ». En luttant sérieusement contre les accidents de la route, le gouvernement aura de quoi investir dans de bons projets et générer du bénéfice. Encore faut-il y mettre la mise qu'il faut et les efforts qu'il faut. Onze milliards de DH c'est aussi quelque 7% des importations du Maroc au titre de l'année 2004. C'est aussi l'équivalent de 5% des exportations du Maroc au titre de la même année. Éradiquer le fléau routier équivaut donc aussi à réduire nos importations de 7% ou encore à accroître nos exportations de 5%. C'est évidemment trop beau pour être vrai ! Quand on aura récupéré les 11 milliards de DH qui ne sont autres que le manque à gagner perdu dans le trafic routier, cela voudrait dire aussi et tout simplement qu'il n'aura plus de morts ni de blessés graves à ramasser dans nos routes. Ceci sera le meilleur manque à gagner à convoiter!