Aid Al Adha. 5,03 millions de têtes, ovins et caprins, sont vouées à l'immolation cette année. Les transactions effectuées à l'occasion dégageraient un chiffre d'affaires de l'ordre de 7 milliards de dirhams, dont profitera le monde rural. Dans deux semaines, c'est la fête de l'Aïd Al Adha. Un rituel de l'immolation du mouton qui, à travers l'évocation du sacrifice du prophète Sidna Ibrahim, symbolise le plus haut degré de soumission de la société musulmane à Dieu. Le sujet est d'actualité, pendant les jours qui précèdent la fête, et prend ainsi le pas sur tout le reste. Cette année, selon le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, la demande, sur les ovins et les caprins pour la fête d'Aid Al Adha, est estimée à 5,03 millions de têtes. Cette demande ne devrait pas subir de pression significative, étant donné que les disponibilités sont de l'ordre de 5,8 millions de têtes. Les transactions effectuées à l'occasion devraient dégager un chiffre d'affaires de l'ordre de 7 milliards de dirhams, selon les estimations. L'offre, ajoute le ministère de l'Agriculture, qui devrait correspondre exactement à la demande sur les ovins, 4,7 millions de têtes, serait excédentaire pour les caprins. La demande sur les ovins mâles, qui devrait représenter entre 85 et 90 % du total à sacrifier, est de l'ordre de 4 à 4,2 millions de têtes, pour des disponibilités estimées à 4,3 millions de têtes, dont 4,08 millions de plus de six mois. Pour les ovins femelles, l'offre est de 1,17 million de têtes, alors que la demande oscille entre 500.000 à 700.000 têtes. Selon la direction de l'élevage, la fête de l'Aïd Al Kébir se rapproche de plus en plus de la période d'agnelage qui se concentre entre septembre et décembre. C'est pourquoi la majorité des ovins mâles voués à l'immolation proviendraient des naissances de la campagne 2001-2002. Dans ce cadre, il est à souligner que l'élevage ovin est caractérisé par une grande diversité de races. Pas moins de six races, selon le recensement général de l'Agriculture (1996-1997), constituent le cheptel ovin au Maroc. Il s'agit des races «Béni Guil» dans l'Oriental, «Boujaâd» à Ksbat Tadla et Oued Zem qui sont respectivement de l'ordre de 1,5 million et 237 mille têtes. Le «Sardi», fixé dans les régions de Settat, Kelâat Seraghna, Khouribga, est évalué à près de 22 millions de têtes. Le «Tamahdit», originaire du Moyen-Atlas, est estimé à presque deux millions de têtes. Quant aux «Dman» dans la région des palmeraies du Sud-Est, ils sont 617 mille têtes. Enfin les «Béni Hsen» au Gharb, sont évalués à 385 mille têtes. Le nombre des éleveurs d'ovins est estimé à 781.560, soit 52 % des agriculteurs et 71 % de ceux pratiquant l'élevage au Maroc. Les prix pratiqués dépendent des races et du niveau d'engraissement. Le ministère de l'Agriculture a indiqué que les prix sont passés de 30 dirhams/kg en moyenne à la fin de septembre dernier à 33 dirhams/kg vif, actuellement. Sur cette base, note le ministère, il est prévu que les prix connaissent une hausse d'environ 10% par rapport à l'an dernier, pour se situer entre 35 et 45 dirhams/kg vif. Il faut dire que cette année, vu l'abandonce des pâturages dans toutes les régions du pays, la saison étant pluvieuse, la hausse des prix n'est pas à écarter. En plus, comme à l'accoutumée, l'Aid Al Adha est une occasion propice pour les «chennakas», des éleveurs indélicats et autres intermédiaires dans le marché du mouton pour élargir au maximum leurs marges de bénéfices. Ainsi, certains entassent des troupeaux entiers de bêtes dans des entrepôts discrets, bâtis en bergerie dans la périphérie, notamment des grandes villes, et ne les introduisent sur les souks et les autres points de vente à l'intérieur du périmètre urbain que par petits groupes. Pratique de nature à entretenir une fausse limitation de l'offre et, par ailleurs, obtenir une augmentation des prix. D'autres marchands s'arrangent pour ne pas faire boire aux bêtes de l'eau pendant quarante-huit heures et les lâchent sur des abreuvoirs salés peu de temps avant leur mise en vente, histoire d'augmenter leur volume en apparence, et d'induire en erreur les acheteurs. Dans les souks, au moment de la mêlée, d'autres pratiques, toutes sortes d'astuces pour subtiliser les acheteurs, refont surface à cette occasion.