Dimanche soir, le calme est revenu à Abidjan après deux jours de manifestations anti-françaises. Reste à persuader les Ivoiriens que l'accord de Marcoussis est essentiel pour la paix. Lundi, Abidjan semblait avoir retrouvé son calme, au lendemain de violentes manifestations de « jeunes patriotes » opposés à l'accord de paix de Marcoussis et le rôle déterminant qu'y a joué la France. « La nuit a été calme, et il n'y a pas de problème ce matin, ça circule dans les quartiers » a indiqué le consulat de France, visé, comme tous les établissements culturels, scolaires et militaires de l'Hexagone, ces deux derniers jours. Comme prévu, le président ivoirien est quant à lui retourné dimanche dans la capitale économique après avoir paraphé l'accord de paix à Paris. Laurent Gbagbo a accepté de nommer un nouveau Premier ministre, Seydou Diarra, à la tête d'un nouveau « gouvernement d'Union nationale » jusqu'aux prochaines échéances électorales. C'est d'ailleurs la présence dans cet exécutif du mouvement rebelle MPCI – qui détient les portefeuilles-clés de l'Intérieur et de la Défense – qui a provoqué la colère des pro-Gbagbo. Lesquels ont réclamé lundi le « soutien américain » car, selon l'organisateur des manifestations Charles Blé Goudé, « en plaçant des rebelles dans le nouveau gouvernement, la France a fait la promotion du terrorisme ». Du côté des opposants au pouvoir, l'accord de Marcoussis constitue par contre une victoire de taille, le président Gbagbo étant désormais largement affaibli par l'adoption de ce nouveau paysage politique. Le leader du Rassemblement des Républicains, Alassane Ouattara, a insisté dimanche sur la mise en œuvre de cet accord qui donne « une réelle chance à la paix et offre au peuple ivoirien la perspective d'un vraie réconciliation fondée sur la confiance et le respect mutuel ». Guillaume Soro, secrétaire général du Mouvement patriotique de la Côte d'Ivoire, a quant à lui demandé lundi à la communauté internationale d'être « ferme » pour que le président applique l'accord de paix. « Gbagbo doit accepter, il n'est pas question que chacun se dérobe ». « Il est de la responsabilité du président de la République de demander à ses partisans de suivre et de respecter la lettre et l'esprit de ces accords », a-t-il ajouté.