Statut personnel. L'adoption de « l'Ijtihad » est un mécanisme pour mettre en place de nouvelles lois, accompagnant l'évolution de la société. «La Moudawana, quelle refonte?». C'est le thème d'un colloque organisé, le week-end à Casablanca, par le collectif «Printemps de l'Egalité», qui est composé de 30 associations féminines, et qui fonde ses propositions sur le principe de l'égalité entre l'homme et la femme dans l'exercice des droits et l'accomplissement des devoirs et responsabilités. Lors de la séance d'ouverture de cette manifestation, les responsables du collectif, qui a été constitué à la suite de la création de la Commission royale chargée de la révision de la Moudawana, ont souligné que la révision du code du Statut personnel doit refléter la volonté royale exprimée à différentes occasions dont la plus récente, lors de l'audience accordée à M'hamed Boucetta, nommé président de la Commission. Dans ce cadre, Mmes Fouzia Assouli et Khadija Rougani, du comité pilote du «Printemps de l'Egalité», ont affirmé que le mouvement féminin a toujours pris en compte la finalité de l'Islam dans ses revendications, mettant l'accent sur la nécessité de relever le défi de la modernité et du développement. Dans ce sens, les responsables du mouvement ont appelé au recours à «Al Ijtihad» pour l'émergence d'une citoyenneté authentique et complète de la femme. De son côté, le professeur Abdelhadi Boutaleb a développé la problématique sur «Les relations familiales et les perspectives de l'Ijtihad». Il a donné un historique sur le premier texte du code et les circonstances de son élaboration depuis 1957, lors de la constitution de la première commission, dont il était membre ainsi que les changements et les amendements que ce texte a connu en 1993 par une commission qu'il présidait. Ces amendements, a-t-il indiqué, auraient pu apporter d'autres acquis en matière des droits s'ils étaient accompagnés d'une réforme au niveau des procédures juridiques allant dans le sens de la levée des injustices à l'égard des femmes. Et pour la mise en place de nouvelles lois, il a appelé à l'adoption de l'Ijtihad comme mécanisme, indiquant que tout changement de la Moudawana doit s'inspirer des hautes directives de S.M. le Roi et faire en sorte que le projet du nouveau code de la famille reflète, dans ses dispositions, l'attachement royal à l'égalité, l'équité et l'entraide qui doivent régner au sein de la famille. M. Boutaleb a également procédé à une analyse conceptuelle et contextuelle des dispositions relatives à la garde des enfants et à l'âge de mariage, relevant les lacunes qui caractérisent certains concepts, ce qui se traduit par des amalgames préjudiciables pour la femme, la jeune fille et l'enfant. La rencontre a été également marquée par les interventions du professeur tunisien, Naffati Borhane sur le thème de «L'égalité dans la législation familiale entre le permis et l'interdit», du professeur Sohaib Bencheikh sur «La philosophie générale des rapports humains en Islam, et particulièrement entre femme et homme, du docteur Omar El Bettasse sur «Le code du Statut personnel et ses répercussions psychologiques et médicales sur les femmes et les enfants», de Mme Khdija Bettar sur le thème «Une lecture critique de la Moudawana du point de vue du Fikh» et de Mme Soumaya Nouaamane Guessous sur «Le mariage précoce et ses effets sociaux». Cette rencontre, à laquelle ont pris part des responsables d'associations féminines, des juristes et des représentants de la société civile, est intervenue à un moment où les questions relatives à la réforme de la Moudawana sont au centre des débats à différents niveaux de la société. L'Ijtihad demeure la meilleure formule pour dépasser les blocages et mettre à jour un code qui accompagne l'évolution de la société.