Alors que les délégués ivoiriens, réunis près de Paris, ont abouti mardi à des accords constitutionnels, le président de l'Assemblée ivoirienne a dénoncé «un coup d'Etat» fomenté par le médiateur français. «C'est décidé. Les parties sont tombées d'accord pour remplacer la formulation de l'article 35 de la Constitution qui précise que pour être président, il faut être né de père et de mère ivoiriens de naissance, par la formulation de père ou de mère», a confirmé mardi une source proche des négociations qui se tiennent à huit-clos. Les délégués ont aussi décidé de supprimer plusieurs alinéas du même article concernant relatifs à la nationalité pour se porter candidat à la magistrature suprême, ceux-là mêmes qui avaient exclu l'opposant Alassane Ouattara de l'élection présidentielle de 2000 pour «non-ivoirité». Sur le foncier, les délégués du pouvoir, de l'opposition et des trois groupes rebelles se sont entendus pour, entre autres, «faciliter l'accès des étrangers à la propriété foncière». Ces avancées notoires n'ont cependant pas été du goût de tout le monde. Présent à la table ronde entamée mercredi dernier, le président de l'Assemblée nationale ivoirienne Mamadou Coulibaly est reparti dès lundi à Abidjan. Le délégué du parti présidentiel, le Front populaire ivoirien, a même déclaré mercredi que Pierre Mazeaud, le médiateur français des pourparlers, «était en train de faire un coup d'Etat constitutionnel». «Ce que les rebelles n'ont pas réussi à faire militairement, il le fait à Marcoussis», a-t-il ajouté au lendemain de son entrevue avec le chef d'Etat Laurent Gbagbo. «Au lieu de rappeler les procédures constitutionnelles, de condamner l'usage des armes, M. Mazeaud a renversé le problème : ce ne sont plus les rebelles, c'est le peuple de Côte d'Ivoire qui se retrouve à la barre des accusés» a-t-il affirmé, pour justifier son départ brutal des négociations. Celles-ci se poursuivaient d'ailleurs mercredi, à deux jours de l'ouverture du sommet des chefs d'Etat africains à Paris, où le président Gbagbo et le secrétaire général de l'ONU seront notamment présents. Cette réunion est censée valider et garantir les conclusions de la table ronde.