Le sommet extraordinaire décidé par la CEDEAO doit se tenir mercredi à Dakar. Après une mini-réunion lundi, les dirigeants ouest-africains entendent arriver à résoudre la crise ivoirienne... sans la France, ni l'ONU. Selon le secrétaire exécutif de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, le sommet de mercredi, qui devait se tenir à Accra, aura finalement lieu dans la capitale sénégalaise, pays dont le président est aussi à la tête de la CEDEAO. Cette initiative intervient après une mini-rencontre entre cinq dirigeants ouest-africains, lundi à Kara, dans le nord du Togo. Les présidents sénégalais Abdoulaye Wade, ghanéen John Kufuor, nigérian Olusegun Obasanjo et libérien Charles Taylor avaient alors répondu à l'invitation du président togolais Gnassingbé Eyadéma, dont les efforts de médiation entre le gouvernement et les rebelles ivoiriens ont jusque-là été vains. A ces chefs d'Etat doivent se joindre mercredi les autres responsables des pays membres de la CEDEAO, à savoir le Ghana, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Togo. Au menu figurera certainement la question de l'envoi d'une force d'interposition régionale, déjà décidée en octobre mais non-déployée depuis. Le président sénégalais a à ce propos déja annoncé lundi qu'il était prêt à fournir 650 militaires sur les 1.600 prévus, à condition que les Ivoiriens soient parvenus à un accord politique. Dans le cas contraire, M. Wade a prévenu, lors d'un entretien à l'agence britannique Reuters, que le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait être saisi de l'affaire. Sur le terrain, la situation est loin de s'améliorer avec la poursuite de combats sporadiques dans plusieurs villes de l'ouest et l'implication de plus en plus forte de la France. A Paris, si on s'est félicité mardi de ces initiatives de paix régionales, on continue aussi de proposer la tenue d'un sommet réunissant les chefs d'Etat concernés par la crise ainsi que les responsables de l'Union africaine et de l'ONU. La France s'est aussi dite « disposée à organiser, parallèlement, une conférence associant les représentants des forces vives ivoiriennes », selon le quai d'Orsay, tout en continuant de renforcer ses troupes sur le terrain et de prendre pied dans un conflit qui a réveillé de nombreuses sensibilités.