Pas plus de cinq chefs d'Etat ouest-africains sur les quinze attendus mercredi à Dakar ont fait le déplacement. Axé sur la crise ivoirienne, ce sommet «extraordinaire» a surtout révélé le manque de cohérence de la CEDEAO. Les Présidents du Burkina Faso et du Cap-Vert, Blaise Compaoré et Pedro Pires, sont arrivés mercredi à Dakar. Leur venue devait être suivie de celle du chef d'Etat ivoirien lui-même, Laurent Gbagbo, et «peut-être un peu plus tard dans la journée», de celle du président nigérian Olusegun Obasanjo. Avec l'hôte, le dirigeant sénégalais Abdoulaye Wade, cette délégation devait cependant se réduire à ces quatre ou cinq responsables malgré l'enjeu de taille d'un Sommet «extraordinaire», qualifié «d'urgence» par M. Wade, et auquel étaient présents les deux frères ennemis, MM. Gbagbo et Compaoré. Mais qu'avaient donc de plus « urgent » à faire les dix autres dirigeants des pays membres de la CEDEAO ce mercredi ? Cette réunion, initialement prévue à Accra et consacrée au «rétablissement de la paix en Côte d'Ivoire», a été désertée par cinq des six membres du « groupe de contact» régional créé fin septembre pour amorcer le dialogue entre les groupes rebelles et le pouvoir ivoiriens. Pire, parmi les absents, figurait le médiateur en chef, le président togolais Gnassingbé Eyadéma, qui accueillait depuis des semaines les pourparlers de paix à Lomé. M. Eyadéma s'est contenté mercredi de déléguer ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense. Le chef d'Etat malien, Amadou Toumani Touré, était, quant à lui, retenu dans son pays «par d'autres engagements». Celui de la Guinée-Bissau, Kumba Yala, était en Chine. Le chef d'Etat ghanéen, John Kufuor, lui, était encore indécis... Le Sommet de Dakar était pourtant censé commencer en début d'après-midi mercredi. La réunion du «groupe de contact» qui devait le précéder a déjà été annulée. Il devait y être question du rôle de la CEDEAO dans la résolution de la crise, et de l'envoi d'une force ouest-africaine de rétablissement de la paix en Côte d'Ivoire. La paix dans ce pays, qui achève jeudi son troisième mois de conflit, peut certainement attendre...