La charte des PME-PMI se voulait un moyen d'aider les petites et moyennes structures de sortir d'un cercle vicieux dans lequel elles vivaient et les doter des moyens juridiques à même de rendre toute sa valeur à un secteur vital de l'économie marocaine. A elle seule, la PME représente 95% des entreprises opérant au Maroc. Présente à 70% dans le secteur commercial, elle participe aussi à hauteur de 10% de la valeur ajoutée nationale. Le secteur occupe plus de 50% des salariés du secteur privé. Sa part dans les exportations est importante et il regroupe plus de la moitié des investissements privés nationaux. Des chiffres qui témoignent de l'importance vitale des PME, mais qui n'en cachent pas pour autant les maux dont elles souffrent. L'absence de structures d'encadrement et l'insuffisance de fonds, malgré les efforts qui ont été consentis dans ce sens pénalisent fortement le développement de la PME marocaine, toujours en mal d'outils et de moyens pour atteindre des seuils optimaux de rendement. A cela s'ajoute l'action des banques qui reste loin de répondre à la demande. Ayant vu le jour l'année écoulée, la charte de la PME-PMI se voulait un moyen de poser un cadre juridique et institutionnel destiné à redynamiser le secteur. Une mission impossible mais dont le pari a été relevé et réussi par l'ancien ministère de l'Economie sociale, des petites et moyennes entreprises et de l'artisanat, un département désormais relégué aux oubliettes. Un travail soutenu, où pas moins de 2.000 entreprises, 60 universitaires, 10 cabinets d'expertises comptables et 80 associations et chambres professionnelles auront été consultés, a permis l'élaboration de la charte. Ahmed Lahlimi Alami, l'ancien ministre en charge de ce département est l'homme de cette mission. Le partenariat entre le secteur public et privé est renforcé à l'aide de plusieurs conventions en vue de créer un réseau national d'appui et d'accompagnement à la PME-PMI. Des guichets locaux facilitent l'accès à l'information et la prestation de conseils. Au niveau financier, des structures dédiées aux PME-PMI sont créées dans les banques. Quant à la fiscalité, elle est assouplie et dotée de nouvelles mesures incitatives. Des efforts ont aussi été entrepris en matière d'information et d'encadrement des jeunes entrepreneurs. Le lancement de la maison de la jeune entreprise en est un exemple. L'année dernière, le ministère de tutelle a déboursé pas moins de 2 millions de DH pour faire tourner les établissements existants. A ce jour, cinq maisons de la jeune entreprise sont déjà opérationnelles dans les villes de Tanger, Rabat, Marrakech, Agadir et Laâyoune. Dès la fin de l'année 2002, quatre nouvelles entités ont été opérationnelles. Les maisons de la jeune entreprise jouissent du statut d'association d'utilité publique. L'accent a par ailleurs été mis sur l'informatisation. Le poids croissant que représente le commerce électronique dans l'économie mondiale n'est plus à démontrer. L'e-commerce représente près de 180 millions d'acheteurs potentiels. Une mise à niveau s'avère donc nécessaire pour la PME-PMI. Une action en ce sens est menée en direction des coopératives depuis un an sous la houlette du département de l'Economie sociale. L'artisanat est le principal secteur visé. Représentant 19% du PIB et brassant un chiffre d'affaires de 650 millions de DH par an, il ne peut prétendre rester en retrait. Les difficultés persistent en dépit de quelques résultats positifs enregistrés. La communication auprès des acteurs concernés n'est pas toujours chose aisée. L'analphabétisme, le manque de ressources, l'archaïsme des procédés de production constituent un frein à l'informatisation. Les marchés publics sont un autre domaine où l'outil informatique est appelé à jouer un grand rôle. Les appels d'offres génèrent actuellement une enveloppe de 55 milliards de DH. La mise en service d'un site Web destiné aux marchés publics répond en ce qui concerne la PME-PMI à deux préoccupations. La première est de permettre à cette dernière d'avoir plus de visibilité dans ses prévisions en termes de passation de marchés. La seconde est de rapprocher l'administration des entreprises en répondant de manière plus efficace à leur besoin en matière d'informations et de conseils. Grâce à ces mesures, la PME-PMI est en phase de sortir de l'agonie et d'évoluer dans un environnement avec plus de visibilité. Le pari n'en est pas pour autant gagné. Les difficultés demeurent nombreuses et les poches de résistance fortes.