Patron de Success Technologies, Khalid Karraz vient d'être élu président du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise. Il admet, dans cet entretien, que l'octroi des crédits auprès des banques est devenu plus en plus difficile. ALM : Plusieurs patrons de PME-PMI avancent que l'octroi des crédits auprès des banques devient de plus en plus difficile. Partagez-vous ce constat ? Khalid Karraz : Je suis absolument d'accord. Les organismes bancaires sont devenus de plus en plus frileux. Tenez par exemple : pour le cas de notre entreprise, nous avons demandé une facilité de caisse. Nous avons dû attendre quatre mois, avant que notre requête ne soit acceptée. Je peux vous assurer qu'il ne s'agit pas d'un montant important. De même, nous avons contacté deux sociétés de capital-risque de la place pour financer notre plan de développement. Nous avons élaboré un business plan dans ce sens. La première entité n'a pas jugé utile de s'investir dans un secteur comme celui des technologies de l'information et de la communication, alors qu'il s'agit d'une activité à fort potentiel de développement. Même après avoir travaillé, six mois durant, sur notre business plan afin de convaincre la deuxième entité, la réponse était également négative. Si les banques et les sociétés de capital-risque n'accompagnent pas les PME dans leur développement, quelles sont alors les autres possibilités qui s'offrent à ces structures en termes de financement ? Toutes les PME-PMI se posent la même question. Au niveau des banques, je tiens à vous rappeler qu'elles sont en surliquidité. Ce qui représente un danger de taille. Je tiens à dire aussi qu'il existe une rupture de confiance entre les chefs d'entreprises et les établissements bancaires. Le patron d'une entreprise a tout intérêt à s'autoévaluer. De même que son image doit être réhabilitée. Les organismes financiers ne doivent pas loger les entreprises à la même enseigne. Au niveau du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise, nous militons pour redorer le blason des entrepreneurs, à travers des actions de sensibilisation. La faute n'incombe-t-elle pas aux patrons d'entreprises qui ne font pas aussi preuve de transparence auprès des institutions bancaires ? Il est vrai que certains chefs d'entreprises ne font pas le nécessaire dans ce sens. J'imagine mal un patron qui communique le bilan de sa structure, sans que celui-ci ne soit approuvé auparavant par un expert-comptable. Encore une fois, j'insiste sur l'importance des rapports de confiance qui doivent être entretenus entre l'entreprise et sa banque. A la lumière de ce qui s'est passé dans d'autres pays, pensez-vous que le mouvement de concentration qui touche l'industrie bancaire nationale pénalisera les PME-PMI du moins, en ce qui concerne le financement ? Par rapport à d'autres pays, le contexte marocain est différent. On ne peut pas calquer des modèles d'organisation ayant fait leurs preuves sous d'autres cieux au niveau local. L'essentiel de notre tissu économique est constitué de PME-PMI. Les banques doivent prendre en compte cet aspect. D'où la nécessité de développer le concept de banques de proximité afin qu'elles puissent jouer aussi le rôle de conseil et d'accompagnement des entreprises.