La compagnie aérienne vit au rythme d'un bras de fer entre la direction et l'Association des pilotes de ligne. Engagées dans un dialogue, les deux parties viennent d'annoncer l'échec des pourparlers avec un risque accru de perturbations sur les vols de la RAM. «Nous sommes en cellule de crise depuis cette nuit (mardi 17 juillet). On essaie de gérer les vols retardés afin de les couvrir». Les propos émanent de Abdelhamid Addou, président-directeur général de la RAM. Crise. Le mot est donc lâché et la RAM semble bel et bien cette fois-ci entrer de nouveau dans une zone de turbulence. La compagnie aérienne vit, en effet, au rythme d'un bras de fer entre la direction et l'Association des pilotes de ligne. Engagées dans un dialogue, les deux parties viennent d'annoncer l'échec des pourparlers avec un risque accru de perturbations sur les vols de la RAM. La compagnie a diffusé un communiqué qui reflète la position officielle de la direction. «Nous arrivons au terme de notre discussion avec les représentants des pilotes de ligne, et à travers les résultats de l'assemblée générale de l'AMPL du lundi 16 juillet 2018, nous constatons avec amertume, malgré un nombre historique d'engagements, l'absence de volonté d'aboutir à un compromis, celui-ci repoussé par une surenchère des revendications», lit-on dans le communiqué. «Je constate dès lors qu'il n'y a pas le souhait d'œuvrer vers une paix sociale, cela a été clairement annoncé. Ce refus dogmatique d'un engagement vers une pérennisation des relations sociales révèle l'intention de se maintenir dans une position belliqueuse jugée confortable, mais au demeurant court-termiste et inutile, dès lors qu'il n'y aura plus rien à défendre après la destruction», poursuit la même source expliquant que «c'est un refus implicite de stabilité, condition nécessaire à la construction commune d'un avenir meilleur. C'est un blocage de toute initiative visant à investir dans notre compagnie pour son développement, et le nôtre, aucun actionnaire ne pouvant mobiliser des fonds dans un tel contexte d'incertitude». La direction utilise même des mots très forts qui en disent long sur le gap béant entre les deux parties. «Je constate donc qu'il n'y a pas la volonté de voir la compagnie se développer, ou que cette volonté cède à des considérations égocentrées. Nous avons mobilisé des moyens, dont nous ne disposons pas aujourd'hui, pour pouvoir répondre aux attentes des pilotes de ligne. Nous avons entrepris la mise en place de process pour améliorer le quotidien. Nous avons initié l'acquisition de systèmes d'information avant-gardistes pour améliorer les conditions de travail et nous avons encore une fois buté sur l'absence d'accompagnement», ajoute le communiqué. Et de poursuivre : «Nous avons mis en place des projets structurants, réorganisé la gestion des ressources humaines PN et initié des amendements importants au sein des directions opérationnelles pour apporter une dynamique de changement et une meilleure professionnalisation. Nous avons, en toute transparence, partagé la vision stratégique de la compagnie avec l'ensemble des pilotes de ligne, explicitant clairement les opportunités, limitées certes, mais bien réelles, identifiant les enjeux et précisant les menaces qui pèsent sur notre compagnie». Le management de la RAM n'y est pas allé par quatre chemins pour décrire les risques pour l'entreprise. «La grève qui s'annonce à compter du mercredi 18 juillet 2018 sera dévastatrice. Elle détruira de la valeur et dégradera nos indicateurs économiques. Elle créera de l'insatisfaction auprès de nos clients, socle nécessaire à notre pérennité, et à l'existence même de notre compagnie», conclut la même source. Pas de grève, selon les pilotes C'est une véritable guerre d'accusations et de contre-accusations qui se déroule actuellement entre la RAM et ses pilotes de ligne. Alors que la direction parle de grève et affirme que la situation actuelle «amplifiera les tensions et affectera non seulement l'image de l'entreprise déjà écornée, mais celle d'une population incontournable», l'AMPL (Association marocaine des pilotes de ligne) nie sa volonté de mener une grève, en tout cas pour le moment. Cela dit, les contestataires donnent l'impression de jouer avec les mots, utilisant notamment le terme «conflit» à la place de grève. Ce n'est pas tout. Les deux parties se rejettent la responsabilité concernant l'échec du dialogue. Au moment où la direction parle de l'absence d'une volonté réelle pour parvenir à un accord, les pilotes, eux, accusent l'autre partie d'imposer plusieurs conditions, notamment en ce qui concerne la hausse des salaires.