Les pays du Moyen-Orient estiment que l'impact d'une guerre en Irak sera catastrophique pour l'ensemble de la région. Alors que Washington poursuit ses préparatifs, Bagdad va devoir donner des réponses précises. Les chefs des inspecteurs de l'ONU en Irak, Hans Blix et Mohamed Elbaradaë, se rendront à Bagdad le week-end prochain pour demander des explications sur les questions restées sans réponse dans la déclaration irakienne sur ses programmes d'armement. Ces questions portent sur des lacunes concernant les armes chimiques, le gaz énervant VX et les moteurs de missiles. Washington et Londres, qui affirment que l'Irak possède des armes de destruction massive, ont laissé entendre que l'absence de réponses satisfaisantes pourrait être comprise comme une non-coopération du régime irakien et déclencher le compte à rebours en vue d'une guerre. De nombreux pays semblent de plus en plus inquiets à l'idée d'une intervention militaire et réclament que toutes les options soient épuisées préalablement. Le Roi Abdallâh de Jordanie a mis en garde contre un conflit qui ferait, selon lui, souffrir toute la région et invité Saddam Hussein à coopérer avec l'ONU. «Si cette guerre a lieu ce sera un problème majeur, mais le plus gros problème sera la période d'après-guerre, personne ne pouvant prédire les souffrances qui devront être endurées (…) par le peuple irakien et l'ensemble de la région », a déclaré le Roi jordanien. «Les répercussions de la guerre sont dangereuses et leur impact sera catastrophique pour le peuple de l'Irak qui a déjà souffert des sanctions économiques de l'ONU ces douze dernières années», a poursuivi le Roi Abdellah dont les propos constituent la première manifestation publique depuis plusieurs mois des inquiétudes du pouvoir jordanien concernant les retombées d'un conflit armé chez son voisin de l'Est. De son côté, l'Arabie saoudite a lancé l'idée d'une initiative des pays arabes pour résoudre la crise. « Si les puissances des Nations unies se mettent d'accord pour autoriser la guerre, les Arabes demanderont à l'ONU de leur donner une chance de trouver un accord avec leur frère d'Irak », déclaré le Prince Abdellah, l'homme fort du Royaume. Versant dans le même sens, Saddam Hussein a estimé que « seuls les pays de la région sont capables d'empêcher l'agression américaine contre l'Irak ». Point de vue partagé par la Turquie dont le Premier ministre estime que les pays de la région doivent tout faire pour trouver une solution pacifique à la crise irakienne. Washington semble faire peu de cas de ces appels. Selon William Arkin, un expert cité par le Los Angeles Times, le secrétaire d'Etat à la Défense a déjà approuvé le mois dernier un plan de guerre de type traditionnel : une attaque aérienne précédant un assaut au sol, avec des forces spéciales en appui. Parallèlement à leur déploiement de troupes, les Etats-Unis ont lancé une campagne de propagande par e-mails appelant les responsables civils et militaires irakiens à cesser de soutenir le régime de Saddam Hussein, ce qui a conduit Bagdad à bloquer l'accès à Internet. Sur le terrain des opérations militaires, les troupes américaines ne seraient pas prêtes à passer à l'action contre l'Irak avant la fin de février ou le début de mars, en raison de problèmes logistiques suscités par l'ampleur du déploiement en cours. « USA Today » assure que le calendrier d'une éventuelle guerre a été repoussé de plusieurs semaines, alors qu'on parlait initialement d'une frappe à la mi-février. Le journal indique que l'une des raisons de ce retard est due au fait que la Turquie n'a pas encore donné son feu vert au déploiement de quelque 80.000 GI's sur son sol. Toujours au chapitre des confidences, les Etats-Unis ont réussi à déjouer un complot qui visait la destruction d'un avion transportant des troupes et du matériel vers le Golfe. Il s'agissait d'un des nombreux avions civils que l'armée affrète en ce moment pour transporter ses troupes au Golfe.