La généralisation du préscolaire nécessitera un coût annuel additionnel de 3 milliards DH La situation du préscolaire est toujours aussi alarmante au Maroc. Selon les derniers chiffres du ministère de l'éducation nationale, sur 1,426 million d'enfants en âge de préscolarisation, seulement 699.000 sont inscrits dans des établissements préscolaires, soit un taux de 49%, dont 35% se trouvent en milieu rural. Ces chiffres montrent qu'ils sont encore 727.000 à ne pas être préscolarisés au Maroc. Dans un exposé présenté jeudi 12 juillet devant le Conseil de gouvernement, le ministre Amzazi a annoncé le lancement mercredi prochain à Skhirat du programme national de généralisation et de réforme de l'enseignement préscolaire. Ce programme qui s'étalera sur 10 ans a pour ambition d'atteindre un taux de préscolarisation de 67% au titre de l'année 2021-2022 et de 100% à l'horizon 2027-2028. Pour assurer et généraliser un préscolaire de qualité, il faut les moyens financiers ainsi que les ressources et les infrastructures nécessaires pour accueillir les enfants. La réalisation de ce programme nécessitera 57.000 classes supplémentaires et 55.000 éducateurs, pour un coût annuel additionnel de 3 milliards de dirhams. A noter qu'il sera opérationnel dès la rentrée 2018-2019 avec l'ouverture de 4.000 classes, l'inscription de 100.000 enfants supplémentaires et la formation de 28.000 éducateurs et 950 animateurs pédagogiques. Signalons que le Maroc compte plus de 23.000 établissements d'enseignement préscolaire. Leur nombre s'est établi à 23.090 en 2016-2017 contre 20.511 en 2015-2016. Ce programme permettra ainsi d'améliorer la qualité de l'enseignement préscolaire et à réhabiliter l'enseignement préscolaire originel, avec l'instauration d'un mécanisme d'insertion du préscolaire dans l'enseignement primaire. Des programmes de formation fondamentale et continue seront mis en place au profit des éducateurs. Des défis de taille La généralisation de l'enseignement préscolaire au Maroc est confrontée à plusieurs obstacles dont le manque de financement, l'absence de cadre juridique ainsi que l'absence d'un mécanisme d'évaluation et de suivi. L'autre obstacle majeur a trait aux disparités entre le milieu urbain et rural qui persistent. Les milieux ruraux et les zones enclavées sont de loin les plus lésés. Une situation qui s'explique par l'absence de promoteurs privés et de partenaires du préscolaire dans ces zones. Dans son avis présenté au mois de février 2018, le Conseil supérieur de l'éducation et de la formation avait appelé à «une refonte globale du système actuel, permettant un accès de tous les enfants à partir de 4 ans, sans aucune discrimination». Le Conseil avait estimé que le préscolaire doit être généralisé, obligatoire et gratuit à l'ensemble des enfants marocains de 4 et 5 ans. En outre, l'institution présidée par Omar Azziman avait proposé d'«articuler le préscolaire avec l'enseignement primaire dont il constituera progressivement le premier cycle, jusqu'à devenir une étape obligatoire pour l'inscription en première année primaire». Auparavant, une étude avait été élaborée par le ministère de l'éducation nationale en partenariat avec l'Unicef. Les résultats de cette étude qui avaient été présenté en juin 2014 avaient permis d'émettre plusieurs recommandations importantes pour la généralisation du préscolaire au niveau national. Sur le plan financier, les deux parties avaient recommandé que le préscolaire soit subventionné et de faire en sorte que les frais de scolarité soient à la portée des familles. Le ministère et l'Unicef avaient également appelé à encourager les promoteurs à investir dans les zones difficiles par l'octroi de terrain et l'élaboration de cahier des charges plus souple ainsi que des incitations claires telles que l'exemption d'impôts. Sur le plan juridique et organisationnel, il avait été proposé que la gestion, le contrôle et l'enseignement soient rationnalisés et confiés à des ressources humaines formées pour ces missions.