En dépit du climat d'insécurité, l'Organisation mondiale du tourisme ne prévoit pas un effondrement durable de l'activité touristique, tant la demande potentielle demeure forte et le besoin de voyager incompressible. Au niveau international, le tourisme connaît de grandes mutations structurelles. Du moins, c'est ce qu'il faut retenir des dernières déclarations du Secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), Francesco Frangialli. Les attentats terroristes de plus en plus fréquents contre des touristes (celui de la voiture piégée de Bali a constitué l'acte le plus grave contre des visiteurs étrangers dans l'histoire du tourisme mondial) renforcent le climat de peur et d'appréhension pour les voyageurs. Pour l'OMT, «les touristes ont l'impression qu'il n'y a plus dans le monde de destinations totalement sûres». «Si un tel sentiment devait s'installer durablement dans les esprits, il constituerait un motif grave de préoccupation pour l'avenir. On passerait d'une situation de crise, par définition temporaire, à un état de danger permanent où l'agression contre des visiteurs innocents, choisis comme cibles dans des conflits où ils n'ont rien à voir peut venir à n'importe quel moment et de n'importe quel côté», constate l'Organisation. Selon elle, «l'impact des actes terroristes apparaît à la fois direct et indirect. Direct, dans la mesure où ils réfrènent, voire annihilent, l'envie de voyager. Indirect, dans la mesure où ils contribuent à différer la reprise économique attendue et à réduire la demande globale et, au travers d'elle, la demande de voyages». Du côté de l'offre, il résulte des mêmes facteurs un coût accru de la sécurité et des assurances, qui pénalise l'industrie touristique, et pas seulement les compagnies aériennes et les aéroports. Dans le même sillage, on assiste à une volatilité accrue des marchés financiers, qui contribue au mauvais climat général. «Ne tirons cependant pas de cette accumulation de difficultés des conséquences qui seraient erronées», relève M. Frangialli. Et d'ajouter que «l'ensemble de ces données ne conduit pas nécessairement à prévoir un effondrement durable de l'activité touristique internationale, tant la demande potentielle demeure forte et le besoin de voyager, incompressible». L'OMT publiera ses premières estimations incessamment, mais il est loin d'être certain que l'année 2002 se terminera avec une croissance négative des arrivées, et même des recettes. D'ici là, force est de constater que l'Europe continuera selon les prévisions à perdre des parts de marché, pour les flux financiers comme pour les flux physiques. Sa part dans les recettes s'érode lentement, et, s'agissant des arrivées, elle ne capte plus désormais qu'un peu moins de 58% du total mondial. L'Europe a perdu environ 7% de parts du marché mondial sur une période de 20 ans. A en juger par les estimations et sauf réaction vigoureuse de sa part, elle ne représentera plus que 46% du total en 2020. Selon l'OMT, cette évolution ne traduit pas un déclin spécifique, mais la mondialisation du phénomène touristique. C'est pour cette raison que l'Organisation du tourisme estime que seule une mise en valeur touristique rationnelle est l'instrument le plus puissant de développement collectif et d'égalité sociale à la disposition des pays les moins avancés. De façon directe et indirecte, elle augmente davantage le PIB, les emplois et les investissements que ne le font la plupart des autres activités économiques.