M. James Baker est attendu, aujourd'hui, à Rabat. Il serait porteur de «nouvelles idées» pour tâter le terrain avec les parties impliquées dans le règlement de la question saharienne. Rien n'a filtré, jusqu'à présent, sur les intentions et les projets du représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara. On lui prête beaucoup et peu de choses. Selon des sources proches du dossier, le but de la tournée de l'ex-secrétaire d'Etat américain dans la région est de prospecter les moyens politiques à même de faire avancer une solution négociée entre le Maroc et l'Algérie. L'accord-cadre, qui préconise une large autonomie des territoires sahariens sous souveraineté marocaine, jouit du soutien de trois membres permanents du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne et la France sont, en effet, parvenus à une conviction : le plan de règlement de la question saharienne, prévu depuis 1991, a démontré sa faillite. Face aux tergiversations des mercenaires du Polisario, il n'est plus possible de parvenir à un accord sur le corps électoral. Même les listes déjà retenues recèlent des anomalies, notamment au niveau des recensés à Tindouf, où plusieurs inscrits ne répondent pas aux cinq critères d'identification. A cela, il faudra ajouter les pans entiers de Sahraouis, dont l'origine est incontestable, que Alger et ses rejetons entendaient exclure de la consultation référendaire. C'est justement à cause de leur position, qui consiste à limiter le corps électoral aux seuls recensés dans les listes coloniales de 1974. L'autre option, mise sur la table par Alger, consistait en le partage du Sahara. Elle a été vite retirée par son promoteur, vu son caractère inacceptable qui ne s'inscrit pas dans l'essence du principe de l'autodétermination pris dans son sens le plus large. Reste ce qu'il est convenu d'appeler la troisième voie, qui accorde aux populations une large autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. C'est cette option qui semble avoir plus de chances d'aboutir car, même si elle ne rend pas intégralement justice au Maroc, elle permet de diviser la poire en deux et de faire dégager une solution qui mettra un terme à un conflit vieux de plus d'un quart de siècle. Mais la tournée de M. Baker dans les trois pays du Maghreb (Maroc, Algérie et Mauritanie) a été entourée d'un black out médiatique sur le contenu de la nouvelle proposition du Représentant personnel de M. Kofi Annan. Un seul paragraphe laconique a été officiellement lancé à la presse par M. Hua Jiang, porte-parole des Nations- Unies. « M. Baker exposera et présentera aux différentes parties et aux gouvernements voisins une proposition de résolution politique au conflit du Sahara occidental, prévoyant l'autodétermination de ses habitants ». Une déclaration qui permet toutes les interprétations possibles et imaginables. On peut y lire, comme d'ailleurs une lecture restrictive des mots, une période de transition sous la souveraineté marocaine, en attendant que les conditions d'une consultation soient réunies. Les seules certitudes consistent en l'abandon de l'ancien plan de règlement et de l'option du partage. L'accord-cadre pourrait être avancé, par M. Baker, comme une solution transitoire vers une solution négociée politiquement entre le Maroc et l'Algérie, même si officiellement Alger dit haut et fort ne pas avoir de visées sur les territoires. En tout cas, la tournée de M. Baker risque de ne pas donner lieu à une percée spectaculaire, au vu de la position algérienne dans ce conflit artificiel. Les observateurs tablent plus sur un éventuel sommet maroco-algérien pour espérer un quelconque déblocage et l'ébauche d'une solution réaliste.