Avec près d'une soixantaine de morts en une nuit, celle de samedi à dimanche, l'Algérie a subi un nouveau bain de sang perpétré par des islamistes armés toujours aussi actifs face à une population isolée. Treize morts, c'est le bilan de la dernière attaque menée par un groupe islamiste armé contre des civils, dans la localité de Zabana, près de Blida, au sud-ouest de la capitale algérienne. Perpétrée dans la nuit de samedi à dimanche, cette tuerie a décimé deux familles, selon l'agence de presse APS, qui citait dimanche des sources sécuritaires. Si ce massacre a été imputé à des membres du Groupe islamique armé – GIA – implanté dans la région, aucune autre information n'a toutefois été fournie sur l'identité des victimes, les circonstances de l'attaque, ni sur le nombre des assaillants. L'agence officielle APS n'a pas non plus confirmée l'annonce de la mort de 43 membres des forces sécurité, tombés dans une embuscade au cours de la même nuit. Annoncée par le journal Le Matin dimanche, cette hécatombe survenue dans les maquis des Aurès, à Teniet El-Abed, dans la région de Biskra, serait quant à elle l'oeuvre du Groupe salafiste pour la prédication et le combat d'Hassan Hattab, concentré dans l'Est. Selon le quotidien algérois, des islamistes armés, «informés de l'heure de passage des militaires », ont alors fait exploser des engins à base d'acétylène - un gaz de forte puissance qui provoque beaucoup de dégâts. Outre les 43 militaires et membres de Groupes de légitime défense (GLD) tués, 19 autres ont été blessés dans cette nouvelle embuscade survenue au lendemain d'une attaque similaire qui avait blessé grièvement 6 soldats à Lakhdaria. Et Le Matin de souligner que ce dernier « évènement tragique (...) n'augure rien de bon pour cette nouvelle année 2003 ». « Il n'est pas exclu que d'autres attaques de ce genre se soient produites ces derniers jours contre les forces de sécurité » ajoutait par ailleurs le journal, face au silence officiel qui suit habituellement ces massacres et l'importance effective de ces « terroristes ». Annoncée comme «affaiblie» voilà quelques mois, la présence islamiste armée en Algérie semble, en effet, être de plus en plus active et efficace dans sa volonté de tuer. Le GSPC, présent dans l'Est, notamment en Kabylie, est d'ailleurs, de l'avis général, le plus redoutable. Il est présenté comme le plus important, le mieux structuré et membre du réseau Al-Qaïda. Lors du colloque sur le terrorisme organisé à d'Alger à la fin octobre dernier, le chef d'état-major de la première région militaire algérienne, le général Maïza, avait notamment révélé que le groupe d'Hassan Hattab, créé en 1998 des divisions du GIA, comptait encore entre 350 et 380 hommes sur un total de 600 à 650 islamistes armés « en activité » en Algérie. Ce qui n'est pas le cas du GIA qui, toujours selon le général Maïza, a perdu de son activisme avec la mort de son chef Antar Zouabri en février 2002. Le GIA, qui ne regrouperait qu'une soixantaine d'hommes, reste cependant encore actif au sud et à l'ouest de la capitale. Si ce dernier s'en prend indifféremment aux militaires et aux civils, son dissident a par ailleurs confirmé par l'attaque de samedi soir la concentration de ses activités sur les forces sécuritaires, phénomène déjà constaté en novembre dernier, au cours du mois de Ramadan. Neuf militaires avaient alors été tués et 12 autres blessés, le 23 novembre, lors d'une embuscade tendue dans la région de Tizi-Ouzou (110 km à l'est d'Alger). Le 17 décembre dernier à Sidi Medjahed, dans la wilaya de Ain-Defla (240 km à l'ouest d'Alger), dix membres des forces de sécurité avaient encore été assassinés par le même groupe. Que prévoir pour 2003, année qui devrait être déterminante pour Abdelaziz Bouteflika puisque que l'élection présidentielle se profile en 2004 ? Depuis le début de ce mois de janvier, 58 personnes, au moins, ont été tuées en Algérie. Au mois de décembre dernier, plus de 80 personnes avaient été assassinées sur un total de 1.400 victimes pour l'année 2002...