Devant les obstacles constatés ou inventés du côté israélien ou palestinien, un groupe d'hommes politiques de première importance et des intellectuels, conduits par Beilin et Abed Rabo, a conçu le «Pacte de Genève», un plan complet pour la réalisation définitive de la paix israélo-palestinienne. Le point de vue de Robert Assaraf. Shimon Peres poursuit son activité essentielle : la promotion de « l'Institut de Paix Shimon Peres ». Il a été reçu, à ce titre, le jeudi 30 octobre 2003, par le président Jacques Chirac pour lui remettre un exemplaire de son nouveau livre « Le temps de la guerre, le temps de la paix ». Ce livre qui ne fait que reprendre le soutien de l'illustre président du parti travailliste (Avoda) au plan Bush sur la paix entre Israéliens et Palestiniens. Ce plan est une reprise intégrale du plan du « Quartette », - les Etats-Unis, l'Europe, la Russie et les Nations unies. Il avait été présenté par le président de l'Union européenne de l'époque, le Premier ministre du Danemark. Il avait été adopté sans hésitation par Shimon Peres, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Sharon composé du Likoud et de Avoda. Les représentants d'Arafat avaient, par contre, de leur côté, refusé leur accord à la dernière étape prévue par le plan du « Quartette » : la négociation des frontières définitives d'un Etat de la Palestine en 2005. Arafat exigeait, alors, sans attendre, la déclaration de l'Etat palestinien dans des frontières définitives, celles de 1967, à savoir : au lendemain des élections d'une Assemblée nationale palestinienne en 2002. Plus tard, le président Bush avec la collaboration de son secrétaire d'Etat, Colin Powell, établissait une « Feuille de route », acceptée, cette fois, par le « Quartette », le gouvernement israélien d'Ariel Sharon et le président Yasser Arafat qui avaient enfin admis le « Plan Bush ». La « Feuille de route » prévoit trois étapes. La première en 2002, pour l'élection d'un Premier ministre palestinien, réduisant les pouvoirs du président Arafat à une représentation, sans aucun pouvoir réel. Cependant, le Zaïm allait refuser à deux reprises d'abandonner le commandement de toutes les unités de sécurité palestiniennes au profit d'un ministre de l'Intérieur chargé de la totalité des services de sécurité: Dahlan avec Abou Mazen et le général Youssef avec Abou Ala. A deux reprises, un Premier ministre palestinien est nommé dans les pires difficultés. Mais la première étape ne pouvait se terminer que par une élection générale dans les territoires dépendant de l'Autorité palestinienne. Elle n'a pas eu lieu, car tout au long des années 2002 (et 2003), le terrorisme -, dont les assassinats-suicides, du Hamas, du Jihad Islamique, et du Fath avec le Tanzim -, n'a cessé que, de temps à autre, quelques semaines. Jamais assez longtemps pour organiser les élections générales palestiniennes. La première étape dure, donc, toujours… La deuxième étape prévoit la déclaration d'un Etat palestinien provisoire, comprenant le territoire actuel de 42% de la Cisjordanie et la totalité de Gaza. La troisième étape prévoit, la confirmation de l'Etat de Palestine, comportant des frontières définitives à négocier avec les Israéliens jusqu'au 31 décembre 2005. Tout ce programme a été complété par une « Feuille de route » donnant le détail des dispositions à prendre et les délais précis pour réaliser les deux premières étapes comme prévu dans le plan « Bush-Quartette » pour aboutir à la négociation définitive. Devant les obstacles constatés ou inventés du côté israélien ou palestinien, un groupe d'hommes politiques de première importance et des intellectuels, conduits par Yossi Beilin et Abed Rabo, a conçu le « Pacte de Genève » donnant un plan complet, sur 50 pages, pour la réalisation définitive de la paix israélo-palestinienne. L'essentiel de ce « Pacte de paix » règle les problèmes les plus graves et les plus sensibles de chacune des parties, à savoir : du côté israélien la mise de côté du « droit de retour » des réfugiés palestiniens, contre des dédommagements et un accueil dans leur nouvelle patrie palestinienne ; la souveraineté sur l'Esplanade des Mosquées (Mont du Temple) ; l'intégration dans le territoire palestinien, inscrit dans 95% des frontières de 1967, des quartiers arabes de Jérusalem (Musulmans, Chrétiens, voire pour certains des «Américains»). En contre partie, le « Pacte » prévoit la sécurité totale pour Israël ; la souveraineté, dans la propriété, du Mur des Lamentations (Mur extérieur de l'ancien temple juif détruit par les Romains en l'an 70); le règlement de l'implantation des colonies par un regroupement dans les 5% de la Cisjordanie intégrés aux frontières israéliennes, contre des terrains de même superficie accordés aux Palestiniens en contrepartie. Il n'est pas nécessaire d'entrer dans le détail de ce protocole d'accord entre politiciens et intellectuels israéliens ou palestiniens, qui sera signé et publié avant la fin de ce mois de novembre. Mais il est utile de souligner que le « pacte » prévoit la nature de tous les points à négocier dans la « troisième étape de la Feuille de route » afin d'arrêter des frontières définitives et une solution à tous les problèmes à régler pour établir la paix entre Israël et la Palestine espérée à la fin de l'année 2005. Le « Pacte » prévoit, également, des possibilités de solutions qui correspondent aux souhaits profonds des Israéliens et des Palestiniens les plus compétents et les plus expérimentés, dans le but de sortir des idéologies dépassées des extrémistes de chacune des deux parties. Par surprise, dès le 28 octobre 2003, le Général Moshé Yaalon, chef de l'état-major israélien allait critiquer, de manière acerbe, la politique de son gouvernement, en répétant : « Il est de mon devoir de mettre en garde contre la détérioration de la situation des Palestiniens ». Malgré la colère connue de Sharon, le Général Moshé Yaalon a persisté en déclarant encore : « Il convient de mettre en garde contre un éventuel désastre humanitaire », sans s'empêcher d'accuser Ariel Sharon d'être responsable, de fait, de la chute du gouvernement d'Abou Mazen. L'initiative des politiciens et des intellectuels israéliens et palestiniens a, sans aucun doute, suscité la réaction courageuse du chef d'état-major de Tsahal contre le refus d'alléger le blocus des territoires palestiniens qui risque, - a-t-il dit encore -, de renforcer le terrorisme et de souligner le faux problème d'Arafat. Le Général Yaalon ne démissionne pas et ni Sharon ni Mofaz ne le relèvent de ses fonctions. Au contraire, ils reconnaissent la nécessité de reprendre les négociations pour « exécuter la Feuille de route », donc voici un premier effet, incontestable, du « Pacte de Genève », qui a bénéficié de la publicité internationale grâce à la colère politique de Sharon… Shimon Peres, par contre, a donné son accord à la Knesset, au principe du « Pacte de Genève » et à la légitimité de ses négociateurs. Aujourd'hui, il souhaite en rester à la «Feuille de route». Mais, il reconnaît, indirectement, que le «Pacte» ne fait que compléter cette «Feuille de route», afin d'arriver réellement à une définitive entre l'Etat d'Israël et l'Etat de Palestine. Les deux préoccupations politiques se complètent. En Palestine, il y a un chef reconnu avec le président Arafat, qu'on le veuille ou non. En Israël, il n'y a pas plus de chef ni à gauche ni à droite… Shimon Peres a été élu pour une année et la démission d'Ariel Sharon est espérée, chaque jour, de la part de Netanyahou, Ulmert, Lior, voire son aide, Shalom… Et son chef d'état-major le critique librement. La conclusion est, donc, d'aller très vite à la solution développée par le « Pacte de Genève », en sautant toutes les étapes…