Après son alignement sur les thèses algériennes à propos du Sahara marocain, Driss Basri s'obstine à dénigrer son pays. Cette fois-ci, c'est l'IER qui est la cible de cet homme déboussolé. L'ex-ministre d'Etat à l'Intérieur, Driss Basri, ne veut pas se faire oublier. Après quelques semaines de répit médiatique, il reprend du service en accordant, le jeudi 10 février, une interview au quotidien français «Le Figaro». Fidèle à la position qu'il a adoptée depuis qu'il a retourné sa veste en s'alliant aux ennemis de l'intégrité territoriale de son pays, l'ancien ministre de l'Intérieur fustige, dans sa nouvelle sortie médiatique, le travail de l'Instance équité et réconciliation (IER) qu'il qualifie d'"opération de marketing et de publicité". Interviewé par Le Figaro dans le cadre d'un dossier consacré aux auditions publiques organisées par l'IER, M. Basri a indiqué que les témoignages télévisés des victimes des violations passées des droits de l'Homme ont pour objectif "de masquer une réalité politique et économique dégradée" et de permettre "à certains responsables d'essayer de se laver les mains à bon compte sur le dos de feu Hassan II". Présenté par le quotidien français comme "l'un des hommes-clés de la période revisitée par les auditions publiques de l'Instance équité et réconciliation", Basri a démenti "toute politique de répression systématique de l'opposition au Maroc". Pour lui, "les années de plomb"ne sont qu'un "concept inventé en son temps par les adversaires de feu Hassan II dans les années 70 comme arme de combat contre la monarchie alaouite" avant d'ajouter qu'il s'agit d'un "slogan éculé, vide et creux". Ainsi, il estime qu'il n'a rien à se reprocher en ce qui concerne les violations des droits de l'Homme et la répression violente de l'opposition qui ont été commis durant les trois décennies qu'il a passées à la tête du ministère de l'Intérieur. Toutefois, l'ex-ministre d'Etat se contredit dans le même entretien en reconnaissant l'existence de plusieurs centaines de cas d'arrestations et de jugements d'opposants durant la même période. Pire : il justifie les dépassements en matière de droits de l'Homme commis à l'époque, estimant qu'ils entraient dans le cadre de la légitime défense. "Le régime de Hassan II se défendait légitimement contre les menaces de déstabilisation d'origines diverses. J'étais personnellement le serviteur de Sa Majesté, qui a régné pendant près de quarante ans". Le nombre de personnes qui ont été arrêtées ne dépasse pas quelque 1500 cas qui ont été traités dans le respect total des procédures judiciaires et dans la garantie totale de leurs droits. "Durant toute cette période, seules 1.500 personnes environ avaient été arrêtées, jugées, condamnées ou acquittées selon les lois et les procédures du code pénal", a-t-il souligné. "Voilà tout compte fait le bilan chiffré de la répression reprochée à Hassan II par ses adversaires, qui avaient tenté de l'assassiner à plusieurs reprises durant ce qu'ils appelaient les années de plomb", a indiqué l'ancien ministre. Pour lui donc, il n'y a jamais eu de violations des droits de l'Homme au Maroc et ce qui se passe aujourd'hui n'est qu'une opération montée contre lui. "Les partisans du lifting de l'autorité makhzenienne s'acharnent à charger le régime de Hassan II, dont j'étais, avec certains autres, l'élément moderniste. Tout cet effort tend à faire de moi une victime expiatoire comme si le Maroc était alors une sorte de terra nullus, une terre sans institution, ni Parlement, ni gouvernement", a-t-il dit. En deux mots, l'ancien ministre de l'Intérieur estime que lorsqu'il était au pouvoir, les droits de l'Homme étaient respectés et la liberté d'expression garantie. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, à en croire ses déclarations au quotidien français. "Récemment, en 2003, après les attentats du 16 mai commis à Casablanca, plus de 7.500 personnes ont été arrêtées, interpellées et gardées à vue en dehors de toutes les normes et de toutes les garanties. Deux mille cinq cents ont été déferrées devant les tribunaux pour être jugées et condamnées à des peines allant jusqu'à la réclusion à perpétuité et à la peine capitale", a-t-il dit. Comment peut-il avancer que le nombre de détenus a dépassé les 7500 personnes ? Il s'agit de simples divagations puisque même Amnesty International n'a signalé qu'une vingtaine de cas où il y a eu quelques dépassements. D'ailleurs, le gouvernement a immédiatement réagi pour que ce genre de comportements ne puisse jamais se répéter. S'agissant de sa situation en France, il a déclaré au quotidien français qu'il est "un Marocain résidant dans mon bon droit en France, mais sans formalisme excessif". Sans détour, cela signifie qu'il se trouve en situation illégale dans ce pays. Aussi, accuse-t-il les autorités marocaines d'être derrière cette situation puisqu'elles refusent délibérément de renouveler son passeport. "Ces gens se croient tout permis. Mon épouse, ma fille, mes enfants sont régulièrement traînés dans la boue. Leur objectif est de me faire taire. Je parlerai et j'exprimerai toujours mon opinion sur les affaires de mon pays", a-t-il dit. Ainsi, celui qui a dirigé les services de sécurité pendant les trente dernières années clame son innocence et crie au complot. Pour lui, il n'y a jamais eu d'années de plomb et la démocratie et les libertés publiques étaient plus garanties qu'aujourd'hui. C'est dire que les délires de M. Basri n'ont pas de limites.