Driss Basri persiste et signe. Après avoir, il y quelques semaines, parlé succinctement de "Sahara occidental " sur la chaîne Al Jazeera en ménageant le régime algérien, le voilà qui revient à la charge avec cette fois-ci un long entretien précis et clair accordé au quotidien espagnol La Razon et une déclaration faite à une radio algérienne. Driss Basri persiste et signe. Après avoir, il y quelques semaines, parlé succinctement de “Sahara occidental “ sur la chaîne Al Jazeera en ménageant le régime algérien, le voilà qui revient à la charge avec cette fois-ci un long entretien précis et clair accordé au quotidien espagnol La Razon et une déclaration faite à une radio algérienne. Quintessence de ses propos : l'ex-ministre d'État à l'Intérieur s'aligne sans équivoque sur Alger particulièrement concernant sa position hostile dans le dossier du Sahara marocain. Il se déclare maintenant ouvertement partisan du principe d'autodétermination du peuple sahraoui (sic) conformément au plan enterré de Perès Decuellar de 1991. M. Basri évoque le référendum d'autodétermination, lui, qui pendant plus de deux décennies de sa toute-puissance ne parlait que de “référendum confirmatif“, bannissant du lexique toute autre formule ou expression qui s'écarte de la ligne patriotique. En outre, il avait lui-même considéré que le référendum était impraticable étant donné les difficultés rencontrées dans l'identification des électeurs, ajoutées aux actes de sabotage de l'opération par les Chioukh du polisario. Fabuleux Driss Basri ! C'est cet-homme-là, ayant été pendant longtemps M. Sahara et de beaucoup d'autres choses au Maroc, qui se range aujourd'hui du côté de l'ennemi. C'est ce personnage-là, que l'on croyait comme tout citoyen marocain attaché viscéralement à la marocanité des territoires du sud, qui, aujourd'hui, s'avise de changer son fusil d'épaule, jouant les porte-parole du Palais d'El Mouradia à Alger. Il ne lui manque plus qu'une visite dans les camps de Tindouf et une poignée de main avec Mohamed Abdelaziz pour que la boucle soit bouclée. Reste à savoir si l'ex-ministre a préparé son rapprochement avec l'Algérie pendant qu'il était en exercice ou après son limogeage en novembre 1999 ? L'intéressé agit-il par dépit ou par conviction? Une chose est sûre : rien ne justifie la félonie surtout de la part d'une personne comme lui. Mais il se trouve qu'il s'est cadenassé lui-même petit à petit dans une logique dangereuse qui ne pouvait que le mettre à nu. S.M le Roi Hassan II mort, Basri, écarté du commandement, a, par petites touches, donné la pleine mesure de sa nature que l'aura du pouvoir contribuait grandement à masquer. Sous Basri des années d‘autorités pointe aujourd'hui un autre Driss. L'un n'a rien à voir avec l'autre. En outre, il s'est mis dans la tête qu'il est un homme d'État vu les fonctions importantes qu'il avait occupées par le passé allant même jusqu'à s'octroyer cette qualité qu'il doit normalement laisser les autres lui reconnaître. Pour tout dire, M. Basri, livré à lui-même loin des bonnes grâces de l'État qu'il croyait incarner à tort ou à raison, présente un profil en clair-obscur. Dans l'état d'esprit où il est, il convient de le psychanalyser. À coup sûr, il serait autrement plus intéressant sur le divan que devant un journaliste. N'en jetez plus. Pitié pour Driss Basri.